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Rencontre avec Denis Cochet, Euro-A-Pro : « Notre première AMM en phyto d’ici à un an »

Le | Cooperatives-negoces

En accueillant un troisième partenaire, Euro-A-Pro marque sa volonté d'étendre son périmètre d'action à l'Europe du Nord… avant de s'attaquer au Sud. Accéder aux nouvelles technologies, rendre plus efficace la mise en marché. Oui, de fait. Mais Euro-A-Pro souhaite aussi développer sa propre gamme de produits phytosanitaires, basée sur des génériques. Les semences ne seront pas oubliées. Rencontre avec Denis Cochet, animateur d'Euro-A-Pro et directeur marketing et développement Europe d'Actura-Holdis.


L'anglais Agrovista rejoint Euro-A-Pro constituée jusque-là d'Agridis-Holdis - maintenant Actura depuis la fusion avec D'Clic - et de l'Allemand DSL. Quel est l'enjeu de l'accueil de ce nouveau partenaire ?

Depuis sa création en 2009 (1), les ambitions d'Euro-A-Pro n'ont pas changé même si les évolutions de ces dernières semaines redimensionnent le projet : sur la France tout d'abord avec la naissance d'Actura et à l'échelle européenne avec l'arrivée d'Agrovista. L'objectif n'est pas de créer une super centrale d'achat européenne : le business reste piloté par chaque pays. Euro-A-Pro, c'est avant tout une structure d'échanges et de partage d'informations et d'expertises car taille, structure et typologie des exploitations diffèrent selon les pays. De même, nous ne disposons pas tous, en même temps, des mêmes semences ou produits phytosanitaires. Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Les échanges existaient déjà : ils vont être renforcés.


Vous affirmez la volonté de développer vos propres spécialités. Comment ?

Oui, tout à fait. Chaque pays possède son propre réseau d'essais. L'objectif est de mutualiser nos expérimentations pour proposer un tronc commun de produits. Comment ? En recréant des semi-spécialités à partir de génériques. Autrement dit, utiliser plusieurs molécules tombées dans le domaine public pour créer un mélange jamais réalisé et ainsi, mettre au point une nouvelle spécialité. Le screening a démarré depuis trois ans. Nous pensons proposer une première AMM d'ici à un an. Nous allons nous donner les moyens de proposer aux agriculteurs de notre réseau quelques « solutions maison » sur les grands secteurs de marché : fongicides et herbicides céréales et maïs dans un premier temps. Des produits qui devront convenir à l'ensemble des pays du réseau. Nous nous appuierons ensuite sur les firmes phytosanitaires pour produire ces spécialités car nous ne possédons pas d'usines.


L'objectif est-il le même pour le marché des semences ?

Si en phytosanitaire, le facteur limitant pour mettre sur le marché de nouvelles spécialités, c'est avant tout l'aspect réglementaire, en semence, c'est l'aspect technique. Car difficile pour l'heure de trouver une variété qui convienne à la fois au sud de la France et au nord des Pays-Bas. Mais nous y travaillons. Nous espérons, d'ici à 2017, proposer une ou plusieurs variétés de maïs. Devraient suivre ensuite des colzas et des céréales à paille.


Euro-A-Pro est-elle prête à accueillir d'autres partenaires ?

D'ici 5 à 10 ans oui, mais pas dans l'immédiat. Nous souhaitons d'abord roder ce système avec les trois partenaires actuels. Mais glisser vers le Sud, en Italie ou en Espagne par exemple, apporterait une complémentarité de gammes : les cultures spécialisées étant très développées dans ces pays. Aujourd'hui, Euro-A-Pro représente 15 à 20 % du marché de l'appro en Europe, phytos et semences. Certains marchés restent à conquérir.


(1)    Euro-A-Pro a été créée en 2009 suite à une joint venture entre Holdis France et BSL Germany.


Euro-A-Pro, en bref

  • 3 sociétés :

    • Actura-Holdis : Belgique, France et Pays-Bas

    • BSL : Allemagne et Pays-Bas

    • Agrovista : Angleterre

  • Potentiel de 850 M€ en protection des plantes, 1,2 million de doses de semences de maïs, 120000 doses en colza, 40000 doses en tournesol et 80000 t en céréales.

  • Gouvernance :

    • Comité exécutif : Denis Cochet, Actura-Holdis, Stefan Knittel, CEO BSL, Chris Clayton, CEO Agrovista

    • Président : Eric Barbedette, CEO Actura-Holdis