Qualité de l’eau des rivières : du mieux sauf pour les nitrates
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__La pollution des cours d’eau par les matières organiques et phosphorées a nettement diminué depuis une dizaine d’années, constate l’Institut français de l’environnement (Ifen). Le taux de nitrates, majoritairement d’origine agricole, a plutôt tendance à se stabiliser, voire à augmenter localement.__ Dès le début des années soixante-dix, les cours d’eau ont fait l’objet d’une surveillance dite « patrimoniale » régulière, sous la responsabilité des Agences de l’eau. À partir de ces analyses, le Service de l’observation et des statistiques (SOeS) du Commissariat général au développement durable a construit un indice statistique décliné sur plusieurs paramètres. Sans être représentatifs à eux seuls de la qualité des cours d’eau en France, quatre paramètres emblématiques ont été sélectionnés - nitrates, orthophosphates, demande biochimique en oxygène (DBO5) et ammonium - couvrant ainsi le spectre des pollutions azotées, phosphorées et organiques. La demande biochimique en oxygène, indicateur de la quantité de matières organiques biodégradables présentes dans l’eau, est en baisse régulière depuis 1998 (- 30 %), « résultat de meilleures performances obtenues par les stations d’épuration », fait remarquer Aurélie Dubois, auteur du rapport du SOeS. J.P. L’ammonium, autre paramètre caractéristique de l’efficacité des traitements épuratoires, présente lui aussi une tendance en baisse mais plus influencée par la faible pluviométrie des années 2003 et 2005, qui a entraîné une mauvaise dilution. De même, les orthophosphates diminuent de près de 40 % sur la période. La tendance est moins marquée sur les nitrates, où l’indice indique plutôt une stabilité, voire une légère tendance en hausse, avec des fluctuations dues aux conditions climatiques. Le recours aux engrais azotés a pourtant diminué à partir de 2001, mais les années sèches ont créé des surplus azotés, lessivés les années suivantes. __Evolutions contrastées selon les bassins__ L’évolution est plutôt favorable dans les bassins présentant des concentrations élevées en 1998, qui le restent malgré tout en 2007. Ainsi, sur les 25 bassins situés au-dessus de la moyenne nationale en 2007, plus de la moitié présente une tendance en baisse entre 1998 et 2007. Parmi ces bassins majoritairement agricoles, la Bretagne se distingue avec les baisses les plus importantes, jusqu’à - 20 % ; une région où, par ailleurs, les apports azotés ont conjointement diminué de près de 30 % sur la même période. A contrario, deux tiers des 30 bassins en deçà de la moyenne ont vu leur qualité se dégrader. Les bassins mixtes présentent une nette tendance à la hausse depuis 2001, plus marquée qu’à l’échelle nationale. Les concentrations de départ sont certes inférieures à celles des bassins agricoles : 10,8 mg/l contre 26,3 en 1998 pour s’établir en 2007 à respectivement 11,3 et 24,7 mg/l. Mais les plus fortes hausses y sont relevées, notamment sur certains bassins amont de la Seine, où par ailleurs les apports d’engrais azotés augmentent, comme en Champagne-Ardenne. Enfin, les bassins peu agricoles présentent une tendance vraisemblablement influencée par les conditions climatiques puisque les apports d’engrais y sont plutôt stables voire en baisse. Les concentrations moyennes sont aussi plus faibles, de l’ordre de 5 mg/l. Situation préoccupante le long de la Seine et du Rhône La qualité de l’eau évolue différemment d’un fleuve à l’autre. Ainsi, les différents bassins de la Seine présentent des concentrations de départ en nitrates relativement importantes, au minimum de 17 mg/l et sont quasiment tous en hausse, l’amont en tête. L’occupation du sol y est à la fois agricole et urbaine, avec des densités de population parfois très fortes. Le Rhône, comme la Seine, voit tous ses bassins versants en hausse sur la période. Les concentrations de départ sont cependant bien plus faibles, de l’ordre de 7 mg/l. Pour ces bassins peu agricoles, l’évolution est plus à considérer au regard des conditions hydrologiques, assez particulières ces dernières années. La Loire, pourtant également composée de bassins agricoles avec les plus fortes concentrations, jusqu’à 33 mg/l en 1998, présente une tendance globale à la baisse. Les bassins versants de la Garonne et de la Dordogne sont plus équilibrés, entre agriculture et forêts. Les concentrations de départ en nitrates y sont plus faibles, 8 mg/l en moyenne. « À l’exutoire de la Garonne, les nitrates décroissent, guidés par la tendance du bassin le plus agricole de cette région », conclut Aurélie Dubois. Rapport complet sur le site : www.ifen.fr.