Agriculture et biodiversité : un investissement sur le long terme
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Pour Bernard Chevassus-au-Louis, inspecteur général de l’agriculture au CGAER* et qui vient d’être nommé préfigurateur de l’Agence nationale sur la biodiversité, il faut donner une valeur économique à la biodiversité. La raison ? « Si on veut protéger la biodiversité, il faut le faire sur l’ensemble des territoires et des activités humaines, et non dans des milieux hyperprotégés qui sont des mouroirs à la biodiversité », a-t-il expliqué lors du colloque « Agriculteurs et biodiversité, cultivons la confiance », le 6 décembre à Angers. « Donner une valeur économique aux haies » Ainsi, pour encourager les acteurs économiques, dont les agriculteurs, à développer des infrastructures pour la biodiversité, il s’avère nécessaire de chiffrer les services rendus. « Il faut donner une valeur financière aux haies si on veut que ces plantations perdurent et se développent », cite en exemple Gérard Clouet, conseiller technique au pôle forêt de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Un travail loin d’être simple. Parmi les atouts déjà bien connus : la stabilisation du sol, l’amélioration du microclimat, de la disponibilité en eau, la pollinisation. « Mais certains auxiliaires détruisent aussi des prédateurs naturels, explique Guillaume Pain, enseignant chercheur à l’Esa d’Angers. On ne peut pas remplacer des sacs de produits chimiques par des sacs d’auxiliaires. » Impact de la taille et de la forme de la parcelle L’aide que peut apporter des aménagements de biodiversité varie aussi selon le type de sol, les pratiques culturales de l’exploitant, la forme et la taille de la parcelle. « Nous sommes loin de comprendre la composition de la biodiversité, reconnait Bernard Chevassus-au-Louis. Nous apprenons peu à peu à la cartographier et à voir comment nous pouvons jouer avec. » Les économistes doivent inscrire leur calcul sur le long terme, un pas de temps compatible avec la vision de l’agriculteur. Pour l’inspecteur général, « si on croit à la biodiversité, il faut la défendre comme un investissement à long terme. » * Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et de l’espace rural