Antibiorésistance : la filière porcine met en avant les bonnes pratiques pour éviter un durcissement de la législation
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Quel sera l’impact de la réduction des antibiotiques en production porcine ? Telle est la question que se sont posés les participants au colloque « Ecoantibio en production porcine », organisée par l’Institut du porc Ifip et l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, le 2 juillet à Rennes. L’Anses a rendu le 16 juin les conclusions de son autosaisine sur les risques d’émergence d’antiobiorésistance liés à l’utilisation en santé animale. « Tout ce qui est utilisé en préventif est à abandonner notamment en post-sevrage », indique Michel Ledru, vétérinaire. Certes, la profession s’y attendait mais cela risque de ne pas être simple. La filière porcine a listé trois types de pratiques : celles à abandonner sans délais, à abandonner à terme, et celles à encadrer. « Dans la loi d’avenir agricole, l’Etat s’est donné les moyens de légiférer sur le sujet », reconnait Gilles Salvat, directeur de l’Anses de Ploufragan/Plouzané dans les Côtes d’Armor. Baisse de 70 % des céphalosporines Or, la profession veut tout faire pour éviter un renforcement de la réglementation. « Nous avons construit une démarche collective en filière porcine, argumente Gilles Salvat. L’avantage est qu’elle est petite, bien structurée, que les vétérinaires se connaissent et savent travailler ensemble. Les moratoires et engagements ont été bien respectés ». Preuve à l‘appui : l’utilisation des céphalosporines a été réduite en porc de 70 % de 2009 à 2012, et les niveaux de résistance sont passés de 6 à 3,5 % environ. « Même si on note une augmentation de la sensibilité des bactéries dans la filière porcine », poursuit Gilles Salvat. La filière espère pouvoir réaliser le même travail sur les fluoroquinolones, une autre catégorie d’antibiotiques critiques que devra réduire les éleveurs porcins. Métaphylaxie et élevage de précision Pour réussir le pari, la profession table sur la métaphylaxie, une phase entre le préventif et le curatif, qui permettrait de positionner les produits à des doses plus faibles et au bon moment. Mais cela nécessite des outils de précision. Des programmes de recherche sont en cours, avec l’utilisation de capteurs, afin de définir des indicateurs permettant de détecter précocement les premiers symptômes et mieux cibler les animaux. Une réduction des médicaments qui passera aussi par les bonnes pratiques d’élevage : alimentation, bien-être animal, bâtiment d’élevage, biosécurité.