Artémis : en 10 ans, 3,5 M€ investis par les coopératives dans l’expérimentation
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Réunir les six principales coopératives de Bourgogne-Franche-Comte (1) au sein d’une même plateforme d’expérimentation, avec des essais pluriannuels en condition réelle, c’est le pari réussi d’Artemis, qui a fêté ses dix ans, le 20 février à Longvic, près de Dijon, sur le site de Dijon Céréales. « Artemis est la première et la seule plateforme dédiée à l’agro-environnement. C’est un peu Artemis qui a créé l’agro-écologie, se félicite Michel Duvernois, directeur de BOURGOGNE DU SUD pour encore quelques semaines et président d’Artemis. Nos objectifs étaient de sortir de notre routine d’expérimentation, mener des essais pluriannuels, développer l’agriculture de précision et adapter les productions des membres aux besoins du marché. » En 10 ans, les coopératives ont investi 3,5 M€ dans l’expérimentation, dont plus d’un million pour du matériel.
Tenir compte du temps long et des débouchés
À l’occasion de cette journée, les équipes ont présenté, pour la première fois, les résultats issus de cette décennie d’essais. Ils s’articulent autour de deux grands thèmes : la gestion des adventices et la gestion de la fertilité. Pour les deux sujets, il ressort l’importance du temps long. « En rotation courte, l’introduction du désherbage mécanique engendre la diminution de la consommation d’herbicides pendant deux ou trois ans, mais elle revient à son niveau initial après cinq ou six ans, ce qui montre que le système n’est pas efficace sur le long terme », souligne Christine Boully, responsable du service agronomique de Bourgogne du Sud.
Dans la plupart des essais, la combinaison de plusieurs leviers apparait comme la plus efficace : désherbage mécanique et chimique, date de semis, allongement des rotations, couverts végétaux. « Si on veut allonger les rotations, il faut travailler sur les débouchés, ce n’est pas toujours facile. Le cas du soja de France, où nous nous confrontons à un environnement économique difficile, en est un très bon exemple. Nos coopératives doivent travailler à la construction des filières pour pouvoir proposer une solution sécurisée aux agriculteurs, garantissant la viabilité économique de l’exploitation », tient à rappeler Hervé Martin, responsable agronomique et développement filières chez Dijon Céréales.
Diffuser des résultats au monde agricole et aux pouvoirs publics
Si ces 10 ans ont permis, pour la première fois, la diffusion de ces travaux, les coopératives d’Artemis ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. « Nous devons traduire ces résultats pour nos politiques », propose Christophe Richardot, directeur de Dijon Céréales. Artemis est aussi en train de construire une plateforme numérique, regroupant toutes les données collectées à partir des 50 000 interventions menées depuis 10 ans. « Grâce à cet outil, nous allons pouvoir comparer les systèmes, générer des graphiques, faire varier les paramètres, pour vérifier la solidité de nos résultats mais aussi proposer des modèles de prévision. Elle servira aussi d’outil d’appui dynamique au conseiller pour accompagner l’agriculteur », explique Martin Lechenet, responsable agriculture numérique.
La plateforme Artemis :
- Six coopératives engagées : Dijon Céréales, INTERVAL, Bourgogne du Sud, Terre Comtoise et l’union Seine Yonne, regroupant les coopératives 110 BOURGOGNE et YNOVAE.
- 12 sites en Bourgogne Franche-Comté
- 75 ha d’essais en grandes parcelles
- Une quinzaine de personnes à plein temps