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Biocarburants et GES : le facteur Iluc est-il caduque ?

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Le « colloque national biomasse », organisé le 26 juin à Paris par le Syndicat des énergies renouvelables, a été le cadre d’une discussion sur l’Iluc, facteur mis au point pour prendre en compte le changement d’affectation indirect des sols lié à la production de biocarburants. L’occasion de revenir sur cet outil, dont la pertinence fait débat. Le facteur Iluc est utilisé lorsque des terres agricoles dédiées à l’alimentation sont converties à la production de biocarburants et que de nouvelles surfaces doivent être trouvées pour les remplacer. Si cette expansion se fait au détriment d’écosystèmes riches en carbone, cela peut entraîner une augmentation considérable des émissions de GES. Autrement dit, la production d’énergie via une culture implantée sur une zone forestière transformée en parcelle présente un facteur Iluc élevé quand l’utilisation de déchets organiques récupérés dans une décharge a un facteur Iluc très faible. Des hypothèses de modélisation remises en cause Lors du colloque, l’Iluc a été remis en cause par Marc Gillmann, responsable marketing et services chez Total, pour qui cet outil de modélisation est basé sur des hypothèses sur la quantité en CO2 stockée potentiellement par les paysages sujettes au débat au sein même de la communauté scientifique. Eric Laisné, président de la confédération générale des planteurs de betteraves, a lui parlé d’un outil obsolète, quand un des participants de la salle a évoqué un outil « inventé de toute pièce pour en finir avec les biocarburants de première génération.  » La raison du retard de l’UE sur les Etats-Unis ? Une accusation aussitôt réfutée par Jean-Louis Bale, ancien directeur des Energies renouvelables à l’Ademe, qui rapportait en 2012 que deux tiers des agrocarburants de 1ère génération ne respectaient pas des critères de durabilités de l’UE, compte tenu des changements d’affectation des sols. « Les analyse des cycles de vie de ces biocarburants ont été menés avec la plus grande objectivité, sans vouloir tuer quoi que ce soit », a-t-il répondu. Le 11 juin, Pierre Porot, directeur de programme sur les biocarburants à l’IFP Energies nouvelles, Ifpen, affirmait que l’Europe était pénalisée par la prise en compte du changement d’affectation des sols indirect par rapport aux Etats-Unis, où le cadre réglementaire est « plus stable et plus lisible ». Pierre Porot précisait que les biocarburants de deuxième génération permettraient de diviser par dix les émissions de gaz à effet de serre, contre un facteur deux pour les biocarburants de première génération.