Biocontrôle dans les serres : « les SDP, une voie d’avenir prometteuse », Eric Brajeul, CTIFL
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Référence environnement : Où en sont les producteurs de légumes sous serre sur la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires ?
Eric Brajeul : Les maraîchers savent qu’ils auront de moins en moins de produits de traitements. Ils ont été confrontés très tôt à la réduction du nombre de matières actives disponibles. Par ailleurs, les serristes utilisent les pollinisateurs en milieu confiné pour assurer la fécondation et la formation des fruits : les insecticides sont à éviter pour ne pas réduire les populations de butineurs.
Ces raisons les ont poussés à s’intéresser à laproduction biologique intégrée (PBI) qui fonctionne aujourd’hui de manière généralisée pour l’ensemble de la production sous serre française. Nous sommes arrivés à enlever une grande partie des traitements chimiques, en particulier les insecticides. Nous avons beaucoup travaillé sur l’utilisation des auxiliaires.
La technique est maintenant maîtrisée. Ce sont les producteurs qui s’approprient les stratégies de PBI, trouvent de nouvelles solutions pratiques et adaptent les conditions d’utilisation des produits de biocontrôle. Par exemple, il y a cinq à six ans, la production de tomates a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau ravageur : Tuta absoluta. Le CTIFL et ses partenaires techniques ont travaillé pour adapter les stratégies de lutte et testé de nouvelles solutions. Les maraîchers ont validé ces adaptations et notamment l’intérêt de nouveaux auxiliaires en serre, les trichogrammes. La situation est aujourd’hui maîtrisée.
R.E. : La lutte contre les champignons est-elle plus compliquée ?
E.B. : C’est l’enjeu de demain. Il y a peu d’auxiliaires ou d’antagonistes pour lutter contre les champignons, contrairement aux ravageurs. Les serristes luttent contre les maladies par le contrôle de l’atmosphère des serres, notamment l’humidité de l’air, en utilisant des variétés tolérantes, en équipant les personnes qui entrent dans les serres avec des vêtements de protection pour éviter les contaminations. Mais une des voies d’avenir est la stimulation de la défense des plantes. Des projets sont en cours, tant au niveau des produits que des conditions d’utilisation pour renforcer les défenses des plantes.
R.E. : Le plan Écophyto va-t-il permettre de développer encore davantage des solutions alternatives ?
E.B. : Le plan Ecophyto permet d’aller plus vite, en aidant des programmes de recherche ou des groupes d’agriculteurs qui travaillent sur le sujet