Biocontrôle : la Fnab milite pour des produits sans AMM
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Stéphanie Pageot, président de la Fnab, la Fédération nationale de l’agriculture biologique, apporte son regard sur le développement du biocontrôle, ses enjeux et sa place dans l’agriculture biologique. Référence environnement : Quel regard portez-vous sur le développement du biocontrôle ? Stéphanie Pageot : En bio, les plus grands utilisateurs sont les arboriculteurs et les viticulteurs, même s’il y a des enjeux important en grandes cultures. S’il n’existe pas de chiffre précis, on peut estimer qu’au moins une moitié des agriculteurs bio font appel au biocontrôle. Cependant, il faut être vigilant : considérer que le biocontrôle peut ou doit remplacer les produits phytosanitaires est une erreur. Pour la Fnab, il faut avant tout privilégier les changements de pratiques : rotation, diversité des cultures, limitation de la fertilisation, les aménagements de haies ou des zones humides pour favoriser la biodiversité, utilisation des auxiliaires de cultures, etc. Tout cela passe avant l’utilisation des produits de protection, chimiques ou de biocontrôle. R.E. : Dans quelle mesure le monde de la bio est-il investi dans la recherche en matière de biocontrôle ? S.P. : L’Itab y travaille, mais avec peu de moyens… Nous essayons de faire en sorte que les multiples expérimentations qui sont faites sur le terrain, parfois directement par des agriculteurs, soient validées et diffusées. Il y a là un vrai enjeu de recherche. Si le biocontrôle passe par des produits à AMM ou à brevet, et donc par des entreprises privées, cela servira beaucoup moins les paysans. Les agriculteurs bio tiennent à leur autonomie, on ne veut pas passer d’une dépendance à l’autre. Par ailleurs, on peut se demander quelle est la place du biocontrôle dans la recherche publique. Il y a aussi beaucoup d’autres sujets comme la microbiologie, la connaissance des liens plante-sol-insectes, la diversité génétique, etc. R.E. : Quelle avancée la loi d’avenir agricole a-t-elle permis pour le secteur du biocontrôle ? S.P. : Concernant les PNPP (préparation naturelles peu préoccupantes), un amendement de la loi d’avenir agricole reconnaît que ces préparations ne sont pas des produits phytopharmaceutiques et relèvent donc d’une procédure simplifiée. C’est très positif, nous le demandions depuis longtemps. En revanche, il reste du travail pour que ces démarches soient reproduites au niveau européen. Beaucoup de petites sociétés, voire des agriculteurs, apportent des solutions mais n’ont pas les moyens de porter un dossier pour obtenir une AMM. Il faut donc que les PNPP soient reconnus substance de base au niveau européen.