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Biogaz Europe : la méthanisation agricole, une démarche d'économie circulaire

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Les organisateurs des journées Biogaz Europe, qui se sont tenues à Nantes les 7 et 8 février 2018, ont choisi d’aborder l’agriculture à travers un colloque « méthanisation et économie circulaire ». Un exemple ? En Bretagne, un exploitant qui a investi dans la méthanisation a permis de valoriser les déchets de la collectivité et de développer une activité de maraichage. Tanguy Lévèque, éleveur de porcs à Pipriac en Ille-et-Vilaine, a mis en place un méthaniseur d’une capacité de 8,3 tonnes par an. Les lisiers de porcs, les déchets de fruits et légumes, de la paille et des déchets verts alimentent l’installation.

Valoriser la chaleur

Par ailleurs, la chaleur générée a permis à un autre agriculteur, Damien Hervé de démarrer une activité de légumes bio sous serre. Il a construit en 2016 une serre de 5 000 m² entièrement chauffée par la chaleur issue de la méthanisation. « Je cherchais à avoir davantage de précocité pour vendre mes légumes plus longtemps dans l’année, explique Damien Hervé. Et Tanguy devait trouver un moyen de valoriser la chaleur. Nous étions gagnants tous les deux. » Les banques ont immédiatement validé la cohérence du projet.

Communiquer auprès des citoyens

Quid de l’attitude des citoyens, souvent inquiets par ce genre de dispositif ? « Nous avons communiqué auprès de nos voisins et nous avons organisé des portes-ouvertes, explique Tanguy Lévèque. Nous sommes très impliqués dans les activités sportives et culturelles de la commune, ce qui nous a permis de pouvoir parler du projet très en amont. » Le plus gros souci est le regard du monde de la bio, qui voit d’un mauvais œil la production biologique sous serre chauffée. « Pourtant, le règlement européen l’autorise, explique Damien Hervé. On m’a fait comprendre que je ne faisais pas partie de l’éthique et je ne peux pas vendre à Biocoop. »

Quant au digestat issu de la méthanisation, le maraicher ne l’utilise pas. « En agriculture biologique, il doit être formé qu’avec des déchets agricoles. Or, dans notre cas, il y a aussi ceux de la collectivité. Pourtant, c’est une vraie démarche d’économie circulaire », regrette Damien Hervé.

« Nous soutenons totalement ce genre de projet, ajoute Raymond Lang, de l’ONG France nature environnement. Quand on explique au citoyen, il comprend parfaitement le bien-fondé de tels projets. »

Pour crédibiliser la démarche des agriculteurs méthaniseurs, une charte de bonne conduite a été lancée le 21 juin 2016 par l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF). Des audits vont démarrer cette année. L’AAMF espère que tous les éleveurs concernés signeront la charte d’ici à 2020. Actuellement, 150 exploitants sur 200 l’ont signée.