Champagne : une démarche viticulture durable pour le plus grand nombre
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Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne, CIVC, a décidé de donner un nouvel élan à la démarche environnementale initiée en 2001 et de lancer une certification viticulture durable. Elle s’appuie en particulier sur la Haute valeur environnementale. Entretien avec Arnaud Descôtes, directeur adjoint technique et environnement au CIVC. Référence environnement : Pourquoi avoir lancé une certification viticulture durable pour la Champagne ? Arnaud Descôtes : Elle est la suite de la démarche de viticulture raisonnée initiée en 2001 dans notre vignoble. Nous voulions alors sensibiliser les 15 000 exploitants dans une dynamique d’amélioration continue. Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait désormais une grande différence entre exploitants, certains ont avancé vite et d’autres plus lentement. En avril 2014, nous avons donc décidé de lancer une démarche de certification pour valoriser les efforts. R.E. : Pouvez-vous nous décrire la démarche ? A.C. : Nous proposons aux vignerons deux solutions : soit la mise en place d’un plan de progrès individuel reposant sur l’auto-évaluation comme on le faisait auparavant, soit la possibilité d’une certification de leur démarche, ce qui est nouveau. La certification viticulture durable s’appuie sur la HVE, la Haute valeur environnementale, mais en allant plus loin. La HVE prend en compte la gestion de l’eau, des phytosanitaires, la fertilisation et la biodiversité. Le référentiel Champagne intègre également des enjeux liés à la gestion du territoire, aux aspects paysagers, à l’empreinte carbone et à la gestion des déchets. Une quinzaine d’exploitations dispose désormais de la certification, dont certaines grandes maisons de Champagne. Ce qui porte à 2000 hectares l’ensemble des surfaces certifiées. La certification pourra être visible sur les étiquetages, les documents commerciaux, la communication, la publicité, etc. Toutefois, nous ne cherchons pas un objectif chiffré en matière de certification. Notre priorité reste d’amener le plus grand nombre à améliorer ses pratiques et de mesurer les progrès collectifs obtenus au sein de « l’entreprise Champagne ». Nous avons mis en place plus de 300 indicateurs environnementaux. Les exploitations certifiées tirent les autres vers l’avant : c’est ainsi que toute la Champagne progresse. R.E. : Quels objectifs vous êtes-vous donnés ? A.C. : Nous souhaitons diminuer de 50 % les phytosanitaires à l’horizon 2025, atteindre au moins 50 % de vignes non désherbées sur toute leur surface cette année, valoriser 100 % des déchets en 2020, réduire notre empreinte carbone de 25 % en 2020 et de 75 à 80 % à l’horizon 2050 par rapport au niveau du début des années 2000. De manière plus qualitative, nous entendons protéger le terroir et la biodiversité, mettre en valeur les paysages et poursuivre le développement de la viticulture biologique en complément de la viticulture durable. Tous ces enjeux ne pourront être relevés que par un engagement massif d’une très large majorité des exploitations. R.E. : L’évolution des pratiques des vignerons champenois est engagée depuis 2001. Avez-vous pu mesurer des progrès ? A.C. : Oui, beaucoup de progrès ont été réalisés : baisse de 50 % en 15 ans des quantités de pesticides appliquées, avec la suppression des produits les plus dangereux et un doublement des surfaces enherbées en cinq ans. Le vignoble de Champagne est devenu leader en France sur la confusion sexuelle avec près de 50 % du marché pour seulement 4 % des surfaces. Nous avons diminué de moitié en 20 ans les quantités d’azote, réduit de 15 à 20 % de l’intensité carbone entre 2003 et 2013. Plus d’un quart du volume d’activité est certifiée ISO 14001.