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« Compenser les pertes en biodiversité » : Marc Barré, CDC Biodiversité

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La création d’autoroutes, l’urbanisation, impactent la biodiversité. Les systèmes de compensation sont mis en place pour pallier ces effets négatifs. Marc Barré, chef de projet chez CDC Biodiversité, présente le rôle de son organisme dans ce domaine. Référence environnement : Vous faites partie des acteurs qui agissent en faveur de la biodiversité. Qui est concerné par votre action ? Marc Barré : CDC Biodiversité est une filiale de la Caisse des dépôts. Elle accompagne les entreprises, les collectivités, les maîtres d’ouvrage, les pouvoirs publics, dans leurs actions volontaires ou réglementaires en faveur de la biodiversité protégée, comme de la biodiversité dite « ordinaire » ou « générale ». Elle intervient notamment à la demande des maîtres d’ouvrage (petits ou grands projets de toute nature) pour des programmes de compensation entrant dans le cadre d’engagements volontaires ou réglementaires. Il s’agit donc de mettre en œuvre « sur-mesure » la compensation telle qu’elle est demandée aux maîtres d’ouvrage. R.E. : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la compensation ? M.B. : La construction d’une autoroute, l’aménagement d’un espace urbain, et la plupart des activités humaines portent souvent atteinte à la biodiversité. La compensation des atteintes à la biodiversité correspond à des actions visant à offrir une contre partie positive à un impact dommageable non réductible provoqué par un projet, de façon à maintenir la biodiversité dans un état équivalent ou meilleur à celui observé avant la réalisation du projet. Elle n’intervient que sur l’impact résiduel, lorsque toutes les mesures envisageables ont été mises en œuvre pour éviter puis réduire les impacts négatifs. R.E. : Comment intervenez-vous ? M.B. : CDC Biodiversité intervient pour le compte des aménageurs, en tant qu’opérateur global de la mise en œuvre des mesures compensatoires, depuis les étapes de sécurisation foncière (par acquisition et par conventionnement avec des agriculteurs, sylviculteurs ou tout propriétaire foncier) puis de restauration ou de réhabilitation de milieux naturels par des travaux de génie écologique, et enfin par une longue phase de suivi scientifique d’évolution de la trajectoire des milieux et de gestion écologique de ces espaces. R.E. : Vous avez présenté votre action le12 octobre lors du colloque « Agriculture et biodiversité : l’exemple de la luzerne », organisé par Coop de France. Pourquoi avoir choisi ce moment ? M.B. : La luzerne, outre son intérêt économique et agronomique, est une culture très favorable à la faune des grandes cultures. La conversion de cultures en luzerne est une des mesures positives qui permettent de compenser les impacts de l’aménagement du territoire sur ces espèces. L’agriculteur s’engage à respecter certaines contraintes comme le non-usage d’insecticides ou ne pas faucher entre mai et août. L’intérêt est aussi la possibilité de mutualiser par cette action les besoins de compensation de plusieurs aménageurs. Ce système est plus souple que les MAE (Mesures agro environnementales proposées sur certains territoires agricoles par l’Etat) notamment au niveau de la durée de l’engagement, de la possibilité de déplacer les parcelles, de la simplicité de contractualisation et de paiement.