Conférence environnementale. Pesticides, effets environnementaux et sanitaires en débat
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Pascal Ferey, vice-président de la FNSEA, et François Veillerette, porte-parole de Générations futures et responsable du pôle biodiversité d’Ecologie sans frontière, seront présents aux tables rondes débattant des pesticides, celle relative à la santé et l’environnement, et celle concernant la biodiversité. Tous deux s’accordent sur le fait que le maintien de l’objectif Ecophyto 2018, à savoir la réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides, est essentiel. Mais si le responsable agricole demande de la patience, l’environnementaliste, lui, exige une réelle volonté politique en la matière pour accélérer les changements de pratiques. Etat des lieux Grenelle : l’objectif du Grenelle est de « réduire de moitié les usages des produits phytopharmaceutiques et des biocides en dix ans », entre 2008 et 2018. L’indicateur adopté, le Nodu (nombre de doses unité), est basé sur les données de ventes nationales de produits destinés à l’agriculture ainsi qu’aux usages non agricoles. Il était de 68,8 (millions de doses unité) en 2010 et est donc censé être ramené à 34,4 à horizon 2018. Or il se montait à 69,3 en 2009 et à 70,6 en 2010. Référence environnement : Que pensez-vous de l’état de l’indicateur du Grenelle en matière de pesticides ? Pascal Ferey : Il traduit la difficulté des producteurs à faire face aux aléas climatiques. Ces derniers engendrent plus ou moins de pressions de maladies et de ravageurs contre lesquels tout agriculteur doit lutter. Raison pour laquelle nous attendons beaucoup de la sélection variétale : la génétique doit permettre aux plantes de mieux se défendre. François Veillerette : Les résultats montrent que malgré la mise en place du plan Ecophyto 2018, dont nous ne critiquons ni la conception, ni les moyens, les avancées ne sont pas notables. Ils révèlent un réel manque de volonté politique pour aller vers un autre modèle de production. R.E. : Qu’attendez-vous de la conférence environnementale ? Pascal Ferey : Nous demandons avant tout des mesures françaises compatibles avec les mesures européennes afin de supprimer toutes les distorsions de concurrence que nous subissons en particulier depuis deux ans. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas d’accélération du calendrier, et demandons de la patience, de laisser vivre ce mécanisme qui n’a que deux ans et demi. L’utilisation du Nodu doit être pluriannuelle, en raison des conditions climatiques et parce que les progrès réalisés ne sont perceptibles que plusieurs années après. Il faut une vision globale à 5 ou 10 ans. François Veillerette : Nous voulons que soient réaffirmés les objectifs d’Ecophyto 2018, et qu’un réel engagement politique soit affiché pour aller vers un système en rupture, moins productif mais tout aussi rentable. Ainsi, le réseau de fermes Dephy, par exemple, devrait montrer l’exemple, avec des exploitations qui réduisent d’ores et déjà l’utilisation de pesticides de 50 % ; les préconisations devraient être séparées de la vente… Nous demandons par ailleurs que l’homologation des produits phytopharmaceutiques soit donnée par les ministères chargés de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Santé, afin de prendre en compte, et au même niveau, les trois préoccupations sociétales. Un nouveau paradigme est à considérer, avec notamment les effets cocktails, les perturbateurs endocriniens.
- Voir notre article : Conférence environnementale. Ouverture des débats