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« Contre un bio à deux vitesses », Christophe Lecuyer, Commission bio de Coop de France

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« Plus le marché se tend, plus les prix montent et plus la pression se fait sentir pour réduire les contraintes de notre cahier des charges ! » Stéphanie Pageot, présidente de la Fédération nationale de l’agriculture biologique, Fnab, tire la sonnette d’alarme dans une tribune datée du 24 février, dans le journal le Monde. La consommation de produits bio connait une forte croissance qui pousse la distribution à miser sur le label. Problème, selon la Fnab : « Les stratégies marketing à court terme sont déconnectées des réalités », et les « cinq à dix ans » sont nécessaires à une exploitation pour être à l’équilibre, après la conversion. Stéphanie Pageot pointe du doigt « certains groupes industriels et coopératifs » qui pousseraient vers une simplification des critères de labellisation en bio, pour faciliter les conversions.

Coop de France en faveur du maintien des critères bio actuels…

Une sortie qui surprend Christophe Lecuyer, président de la Commission bio de Coop de France. « Je le prends comme une attaque, alors que la Fnab et Coop de France ont régulièrement parlé d’une même voix ces derniers mois, lors des négociations concernant le prochain règlement européen bio  », indique-t-il à Référence environnement. Sur le fond, Christophe Lecuyer est formel : les coopératives n’ont aucune intention de desserrer les critères du cahier des charges bio. « Ce serait contre-productif vis-à-vis de nos clients industriels, qui ont des attentes élevées en la matière, explique-t-il. De plus, nous sommes porteurs, chez Coop de France, d’une charte d’engagement bio, lancée en juin 2017, et signée par 80 coopératives à ce jour, articulée autour du respect des exigences du label. »

…mais contre un renforcement franco-français du cahier des charges

Si Coop de France est opposé à un bio tiré vers le bas, la structure se montre également prudente sur l’idée d’un renforcement du cahier des charges exprimé par Stéphanie Pageot. « Si la Fnab le souhaite au seul niveau français, nous ne la suivons pas, tranche Christophe Lecuyer. Il reste des espaces de négociations pour un règlement européen plus conforme à nos attentes. Mais nous sommes clairement contre la création d’un bio à deux vitesses. » Christophe Lecuyer affirme avoir contacté la présidente de la Fnab pour échanger sur ces sujets.