Ecophyto : « Un changement pragmatique et une voie plus radicale », Dominique Potier
Le | Archives
Manuel Valls a confié, le 30 mai, au député socialiste de Meurthe et Moselle Dominique Potier, également président du Conseil consultatif de gouvernance d’Ecophyto, une mission parlementaire afin de rédiger la deuxième version du plan Ecophyto. Les professionnels ont déjà fait savoir qu’ils seront très attentifs à ce travail. Entretien exclusif avec Référence environnement. Référence environnement : Où en êtes-vous de votre travail sur la suite à donner au plan Ecophyto ? Dominique Potier : L’équipe d’inspecteurs a été mise en place le 2 juillet. Elle se compose de trois personnes du ministère de l’Ecologie et deux venant de celui de l’Agriculture, qui m’aideront dans l’audition des parties prenantes du plan Ecophyto. Lesquelles ont été averties du travail que nous allons réaliser et de la démarche participative qui sera adoptée. En juillet, nous allons rencontrer l’essentiel des acteurs les plus stratégiques du plan Ecophyto. En septembre, nous irons sur le terrain, voir notamment les pratiques qui fonctionnent avec les structures de conseil sur un grand nombre de cultures. Nous irons là où il y a de l’expérience et de l’innovation. Le rapport doit être finalisé début décembre. Il sera soumis à consultation du public et validé en Comité national d’orientation et de suivi du plan Ecophyto à la fin de l’année 2014. R.E. : Quelle est votre hypothèse de départ ? D.P. : Si nous mobilisons les outils qui existent déjà - fermes Dephy, bulletins de santé du végétal, certiphyto, etc - il est possible de réduire de 20 à 30 % l’utilisation de produits phytosanitaires. Cela passe aussi par les solutions de biocontrôle, les choix variétaux ou encore le machinisme. Mais si nous voulons aller plus loin, il faudra des changements plus radicaux. Ils impliquent une évolution de la réglementation, une prise en compte dans l’application de la réforme de la politique agricole commune et dans l’impact des marchés agricoles. Le rapport va tenir compte de ces deux voies : un changement pragmatique et une évolution plus radicale. Le monde agricole est prêt au changement, il faut lui en donner les moyens, notamment par une aide à la transition et l’accompagnement du changement dans les entreprises. Nous n’avons pas assez mobilisé l’agriculteur dans le plan Ecophyto. Sur le financement, je pars sans préjugé. Nous allons établir les besoins d’un dispositif gagnant-gagnant. R.E. : Pensez-vous qu’il faut revenir à un objectif chiffré ? D.P. : Il y a deux erreurs selon moi : avoir un objectif chiffré inaccessible et décourageant et n’en avoir aucun. Il faut mesurer les efforts réels, c’est-à-dire en prenant en compte le climat et les marchés. Nous souhaitons également confirmer l’indicateur Nodu, mais les interprétations devront se faire avec intelligence en tenant compte du contexte.