Elevage de porcs sur paille : bien pour l’environnement, à confirmer pour l’économie
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La conduite sur paille des élevages porcins permet de réduire les rejets azotés, d’exporter plus facilement les effluents d’élevage, et contribue au redressement du taux de matière organique des sols : tels sont les résultats d’un travail mené dans les Côtes-d’Armor par des enseignants-chercheurs d’AgroParisTech et diffusé le 14 mai sur le site du ministère de l’Ecologie. Les chercheurs ont réalisé des enquêtes auprès des éleveurs ainsi que des simulations microéconomiques. Les résultats ont montré que la pratique, prônée dans le cadre de la stratégie agro-écologique, a également des effets positifs sur le bien-être animal et diminue les odeurs. Des critères majeurs pour une plus grande acceptabilité sociale. Par ailleurs, dans les élevages conduits sur paille, l’ambiance de travail s’avère plus agréable : aération, lumière, moindres émanations d’ammoniac et fréquence réduite des traitements vétérinaires sur les animaux. Perte annuelle du revenu Or, seulement 5 % des éleveurs ont adopté cette conduite. Le principal frein réside dans les performances économiques même si les auteurs assurent qu’elles peuvent être équivalentes à l’élevage sur caillebotis « sous certaines conditions ». Les résultats chez les éleveurs enquêtés montrent que, sans valorisation spécifique des porcs engraissés sur paille, la perte annuelle de revenu agricole s’élève à environ 1 100 euros par actif : les économies réalisées dans les équipements et bâtiments et dans leurs frais de fonctionnement ne suffisent pas à compenser les coûts supplémentaires d’aliments et de paille ainsi que le prix des porcs vendus. Ce dernier est en moyenne plus bas, en filière standard, du fait notamment d’un taux de muscle inférieur. Prendre en compte l’effet sur les sols Les auteurs insistent sur le fait que ces résultats peuvent s’améliorer si l’on prend en compte l’effet sur les sols et sur les cultures, avec l’apport de matière organique riche en carbone. L’étude montre que les agriculteurs passés à une conduite sur paille qui épandent depuis plus de dix ans du fumier observent un effet positif sur le tallage du blé et sur le rendement en maïs. Des marges d’améliorations existent également, les résultats étant assez disparates d’une exploitation à l’autre. Les élevages de ce type « résultent pour une bonne part de l’empirisme et de l’ingéniosité des éleveurs, avec des bâtiments pas toujours agencés », indiquent les auteurs. Le passage à l’élevage sur paille nécessite donc un accompagnement renforcé ainsi que la mise en place d’un référentiel qui conforterait la faisabilité technique et l’intérêt économique de cette conduite, selon les auteurs. Qui réclament également une implication accrue des coopératives agricoles.