Empreinte carbone de l’alimentation : deux études font le point
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Appel à une moindre consommation de viande, développement des circuits courts, utilisation de protéines végétales : en matière d’alimentation, les lignes commencent à bouger. Mais, à en croire une étude (lien) datée de janvier 2019 de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le secteur pèserait encore lourd dans les émissions des gaz à effet de serre (GES). Selon le document, rédigé avec de nombreux partenaires (1), un quart de l’empreinte carbone des Français serait dû à l’alimentation.
La production agricole, premier poste d’émissions
Deux tiers de ces émissions seraient imputables à la production agricole. Le méthane, lié à la fermentation entérique des ruminants et aux effluents d’élevage, représente presque la moitié de ce poste, à 44 %. Si l’on ajoute à ces facteurs les émissions de protoxyde d’azote (34 % des émissions du stade agricole) issues des cultures destinées aux animaux, « la viande et les produits laitiers représentent 85 % de l’empreinte GES de notre alimentation au stade agricole », affirme l’étude. Ces deux filières mobilisent également 80 % de la SAU nécessaire à la totalité de l’alimentation en France (26 millions d’hectares), alors que « notre régime alimentaire n’est, lui, composé que pour un tiers de produits animaux (en quantités ingérées) ». L’étude rappelle néanmoins l’importance de ces surfaces pour le captage de CO2.
Second secteur lié à l’alimentation le plus polluant après la production agricole : les transports. Ceux dédiés à l’alimentation représentent 19 % de l’empreinte carbone totale. Les transports routiers pèsent le plus lourd. 57 % d’entre eux concernent des produits importés. L’étude rappelle ainsi que dans le cas des tomates, concombres ou courgettes, « la part importée des volumes commercialisés peut atteindre 40 à 50 % ».
28 % des émissions mondiales liées à la demande alimentaire
Hasard, ou non, du calendrier, une étude de l’Institute for climate economics (I4CE), datée du 25 février, porte également sur les émissions de GES de la consommation mondiale. Davantage consacrée à une évaluation des diverses méthodes de calculs, et insistant sur le caractère non-définitifs des chiffres avancés, celle-ci met tout de même en avant des ordres de grandeur similaires à ceux de l’Ademe. Selon ce document, les émissions de la demande alimentaire en 2010 représentaient 28 % des émissions mondiales, tous secteurs confondus. Plus précisément, 75 % de ces GES seraient émis durant la phase de production à la ferme, 15 % entre la ferme et la vente, et 10 % après la vente. Enfin, environ 63 % des émissions de la consommation alimentaire proviendraient des produits de l’élevage terrestre.
Vers un changement des pratiques agricoles et alimentaires
Pour inverser cette tendance, l’étude de l’Ademe encourage des changements dans les champs, mais aussi dans les assiettes. Les pratiques agroécologiques, qui réduisent les émissions et favorisent le stockage du carbone, sont grandement encouragées. Notant la part de plus en plus importante des produits importés et transformés dans notre alimentation, les auteurs en appellent à privilégier des produits locaux, de saison et à se diriger vers une consommation de viande raisonnée et de qualité, issue d’élevage de proximité.
(1) Cired, Solagro, EDF R&D, FIRE, MEtis-UPMC, Philabs