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FNE : identifier les pertes alimentaires au niveau agricole pour mieux les limiter

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France Nature Environnement (FNE) s’intéresse aux pertes alimentaires au niveau agricole. Un document, qui s’appuie notamment sur des entretiens avec une quinzaine de porteurs de projets, producteurs et professionnels de l’aide alimentaire, sera publié dans les prochaines semaines. Héloïse Gaborel, chargée de mission prévention et gestion des déchets chez FNE, livre pour Référence environnement certains de ses enseignement. A l’origine du projet, un constat : « Alors que le gaspillage alimentaire a lieu du champ à la poubelle, sans passer par l’assiette, plus on se rapproche de l’amont de la filière alimentaire, plus les données à ce sujet sont sporadiques, introduit-elle. Cela contribue à entretenir un débat biaisé, faisant porter un bonnet d’âne au consommateur et relativisant la notion de responsabilité partagée des acteurs. »
Des solutions pour chaque cause de gaspillage
L’une des causes de pertes identifiées par FNE, pesant lourdement sur les producteurs, est la sévérité des normes de calibrage ou d’esthétique. Malgré l’assouplissement des normes de commercialisations européennes, les cahiers des charges restent stricts. Cette situation peut être particulièrement problématique lorsque le nombre de débouchés est limité. Si l’agréeur en charge du contrôle de la qualité des produits estime par exemple qu’une carotte du lot livré n’est pas « conforme », toute la palette pourra être renvoyée au producteur qui risquera ainsi de perdre une bonne partie de sa récolte. « Un desserrement des critères de commercialisation est indispensable », juge Héloïse Gaborel.
La volatilité des marchés est une autre source de gâchis. Quand les prix chutent, il est parfois plus coûteux d’opérer la moisson pour vendre les produits que de ne rien faire. Mieux connaître la demande pour anticiper les évolutions des marchés permet d’éviter cette situation. « Un modèle tel que les paniers AMAP permet au producteur d’avoir une visibilité clair sur les attentes de ses clients », note Héloïse Gaborel.
Autres pistes relevées par FNE : les moissonneuses et machines de récolte doivent être perfectionnées pour limiter au maximum les pertes dès la parcelle. Plus en aval, chaque maillon des filières génère ses propres pertes : « En limitant les intervenants, les circuits courts limitent ainsi le gaspillage », déduit Héloïse Gaborel.
FNE organisera un colloque au second semestre 2016, dédié aux pertes alimentaires au niveau agricole, à partir des enseignements tirés de ce travail, et dans le but de concrétiser et d’essaimer les bonnes pratiques identifiées.