L'alimentation animale valorise toujours plus de coproduits
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Plus de 12 millions de tonnes de matière sèche (MS) de coproduits générées en 2017. Tel est le premier chiffre à retenir de l’enquête menée par Reseda sur les gisements et valorisations des coproduits des industries agro-alimentaires, présentée le 22 novembre à Paris. 10 ans après sa première étude sur le sujet, le réseau pour la sécurité et la qualité des denrées animales actualise les données et donne corps à la bioéconomie.
23 % de coproduits en plus en 10 ans
Trois secteurs dominent la production des coproduits, en générant plus de la moitié du gisement français enquêté : les oléo-protéagineux (29 %), la sucrerie (14 %) et l’amidonnerie-féculerie (13 %). Les secteurs suivants contribuent tous à hauteur de 8 % environ des volumes : distillerie, meunerie, transformation de la viande, des produits de la pêche et de l’aquaculture, industrie laitière et vin.
« Nous observons une augmentation importante du gisement des oléagineux (+1,6 million de t MS) et de la distillerie (+1 million de t MS), éclaire Houmaïrat M’Madi, chargée de mission. Cette évolution est le résultat des politiques publiques de soutien aux biocarburants. » Dans une moindre mesure, le développement des micro-brasseries a fait bondir le gisement de coproduits de brasserie de 80 % en 10 ans (+ 40 000 t de MS). Au total, l’enquête recense 23 % de coproduits en plus qu’en 2007.
+ 43 % de valorisation en alimentation animale
L’alimentation animale reste la voie de valorisation privilégiée des coproduits des industries agro-alimentaires, avec 76 % du volume utilisé. « En 10 ans, le volume de coproduits valorisé en nutrition animale a augmenté de 2,8 millions de tonnes de matière sèche, soit une croissance de 43 % continue Houmaïrat M’Madi. Ce qui a permis de valoriser la hausse du gisement issu des secteurs oléagineux et distillerie par exemple. » La valorisation par l’alimentation animale regroupe ainsi la nutrition des animaux de rente (60 % des volumes), la consommation directement en élevage (12 %) et l’alimentation des animaux de compagnie (4 %).
Benoit Rouillé, animateur du Comité national des coproduits et ingénieur à l’institut de l’élevage (Idele), rappelle l’importance de la quantification des ressources disponibles pour l’élevage. « Cette enquête nous éclaire sur deux points. Le premier, c’est l‘existence de flux de matière à l’échelle d’un territoire, qui présentent des intérêts différents en fonction de l’échelle à laquelle on se situe. Le second, c’est la nécessité pour les éleveurs de mieux caractériser ce qu’ils achètent, à travers une analyse de matière sèche et de matière azotée totale pour les coproduits humides notamment. »
Marc Henninger, président de Reseda, conclut en rappelant l’importance d’une hiérarchisation des usages qui tienne compte des situations locales. « Il faut maintenant aller vers une articulation des usages au sein de chaque territoire. Cette hiérarchie donne une sorte de cadre éthique. Cependant, pour être pragmatique, ce cadre est à adapter selon les territoires et la nature des coproduits. »