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L’Anses auditionnée au Sénat : le coût de la confiance

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Marc Mortureux, directeur général de l’Anses a été auditionné le 31 octobre par la Commission du développement durable du Sénat dans le cadre de l’étude du professeur Séralini sur la toxicité du maïs NK 603 résistant au Round Up. Au-delà de la confirmation des avis déjà rendus par l’agence, et d’autres en Europe, sur la faiblesse des données pour avancer les conclusions de l’étude Séralini (voir notre actualité « L’Anses et l’étude Séralini - Sortir de la polémique par le haut » ), les échanges avec les sénateurs ont permis de préciser les moyens à même de redonner confiance dans l’expertise scientifique. Marc Mortureux a remarqué, en préambule, que le « plus grand risque pour une agence est le risque d’accoutumance », et qu’il n’était donc pas négatif d’être ainsi interpellé. Se garder des influences La gouvernance de l’Anses, très ouverte, composée des cinq collèges du Grenelle de l’environnement et les moyens mis en œuvre « pour protéger les experts des influences extérieures », sont spécifiques à l’agence française.  Le groupe de dix experts constitué pour analyser l’étude du professeur Séralini a été construit en veillant à l’absence de liens d’intérêt. Pour ce dossier, comme pour tout autre, les déclarations d’intérêt des experts sont disponibles sur le site de l’Anses. Evaluation à long terme des OGM et pesticides Pour l’Anses, ce type d’étude « vaut la peine d’être engagée », y compris pour recouvrer la confiance des consommateurs. Sous réserve cependant de se mettre d’accord sur les objectifs, le type de plantes et le financement avant d’établir un protocole. Le coût d’une telle étude serait de 5 à 10 millions d’euros, voire plus, a précisé l’Anses. Au-delà du seul thème OGM/pesticides, Marc Mortureux a donné l’exemple du Programme national de toxicologie américain, doté au niveau fédéral de 120 millions de dollars. « Dans un certain nombre de cas, nous avons besoin de mobiliser des financements publics français ou européens, pour des études d’envergure visant à consolider des éléments assez peu documentés ». Avis partagé par Sophie Primas, par ailleurs rapporteur du rapport du Sénat sur les pesticides et la santé, qui considère du devoir des politiques de faire en sorte que les agences travaillent dans la sérénité sur des études à long terme. Elle a suggéré que Bercy lève le plafond d’emploi autorisé pour l’Anses afin que l’agence puisse puiser dans des financements disponibles. Des études courtes sentinelles Les tests à 90 jours sur rats sont potentiellement extrapolables à une durée de dix ans sur l’être humain. Des études dite « durée vie entière » sont coûteuses, en fonds et en animaux de laboratoire. Il convient donc, rappelle l’Anses, de réaliser des protocoles qui permettent de faire de ces tests « courts » des sentinelles à même de déclencher des études plus longues. L’occasion de regretter que le professeur Séralini n’ait pas introduit des indicateurs au terme de 90 jours de tests pour évaluer leur corrélation éventuelle sur les résultats finaux. Méthodes alternatives Le renforcement des études sur les effets cocktails entre molécules phytosanitaires ou avec des co-formulants a fait l’objet de travaux de l’Anses et de propositions au niveau communautaire. Le nombre considérable de combinaisons possibles pose la question du développement de méthodes alternatives, qui ne soient pas seulement fondées sur l’utilisation d’animaux.