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L’Anses et l’étude Séralini - Sortir de la polémique par le haut

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Le propos est nuancé, et fortement étayé. Si l’Anses, agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, considère elle aussi que l’étude du professeur Séralini n’est pas suffisante pour « établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du mais OGM et/ou des pesticides et les pathologies constatées » sur les rats observés, elle n’en reconnaît pas moins l’originalité. Originalité qui tient à l’effort entrepris pour évaluer les effets à long terme des OGM associés à l’ingestion de pesticides. La conférence de presse de l’Anses le 22 octobre, est venue clore temporairement une série de prises de position, dont celle du Haut Conseil des Biotechnologies, apportée le matin même. L’affluence de la presse grand public témoigne d’une polémique aigüe sur la toxicité sub-chronique des OGM et pesticides. Gilles-Eric Séralini ne nie d’ailleurs pas les imperfections de son travail. « L’équipe a juste ouvert une voie, et il faut maintenant faire mieux collectivement », a-t-il déclaré lors de son audition par le comité de dix experts constitué par l’Anses. L’étude du professeur Séralini pourrait bien booster les propositions de l’Anses « En tant qu’agence, a indiqué Marc Mortureux, directeur de l’Anses, nous serons toujours attentifs à tout élément nouveau, ce dans un cadre européen, incomparablement plus contraignant que partout ailleurs. » L’écho accordé à l’étude du professeur Séralini pourrait bien booster une série de propositions formulées au niveau communautaire par l’agence. L’une de ces propositions impose la conduite de tests à 90 jours « plus robustes » pour les plantes génétiquement modifiées (PGM), selon un protocole établi par l’Anses. Tests qui auraient valeur de «  sentinelle » pour déclencher d’éventuelles études plus longues. Pour les phytosanitaires, les référentiels d’évaluation européenne sont déja en cours d’évolution pour mieux appréhender les effets cumulés entre substances actives. Devraient suivre des méthodologies sur ces mêmes effets en tenant compte des co-formulants. « Nous sommes prêts en association avec d’autres partenaires, notamment d’autres agences sanitaires européennes, à travailler à l’établissement de protocoles d’étude sur les effets potentiels à long terme de la consommation d’OGM ou l’exposition à des formulations phytopharmaceutiques. » Ce qui suppose des financements à la hauteur de telles études, qui se chiffrent en millions d’euros, voire en dizaine de millions d’euros. Des financements publics, qui auraient pour corollaire une diffusion publique des méthodes et des résultats.