Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) s’interroge sur l’impact des biocarburants

__Pour Tamara Kummer, porte parole en France du Programme Alimentaire Mondial (PAM), les biocarburants peuvent, à moyen terme, constituer une menace pour les populations les plus pauvres.__ % %% «  Aujourd’hui, au niveau mondial, selon les statistiques de la FAO, 10 Mt de céréales sont utilisées pour produire des biocarburants, indique-t-elle. Cela représente près de 12 % de la consommation mondiale annuelle. Si leur développement s’accélère, cela se fera aux dépens des cultures vivrières, en détournant des terres mais aussi des capitaux. Dans ce contexte, le prix des denrées alimentaires ne peut que continuer à augmenter, mettant alors en péril les populations les plus pauvres. En effet, les habitants n’ont parfois plus les moyens d’acheter des denrées même si celles-ci sont disponibles en quantité suffisante : ceci peut entraîner des troubles sociaux comme actuellement en Afrique. % %% A.G. Bien sûr, les biocarburants ne sont pas les seuls responsables de cette flambée des prix. Le prix du pétrole, les mauvaises récoltes dans certains pays, la forte croissance de la demande des pays émergents en viande et en lait… ont également leur part de responsabilité. Toutefois, en créant de nouveaux débouchés, la production de biocarburants peut constituer une réelle opportunité pour les petits producteurs. Mais peu de pays possèdent l’outil industriel pour transformer les récoltes. Une forte demande risque aussi d’accroître la pression foncière sur les terres. Or dans certains pays, le droit foncier n’existe pas et du jour au lendemain, les agriculteurs peuvent se faire expulser de leurs propres terres. Le risque est présent et les impacts négatifs peuvent alors être très rapides. Notre rôle, en tant qu’organisation humanitaire, est aussi d’alerter les pouvoirs publics sur ces problématiques. Au PAM, nous sommes favorables à un moratoire sur les biocarburants afin de tenter de mesurer leur réel impact sur les marchés et préciser les avantages énergétiques des biocarburants de seconde génération. Cela me semble indispensable pour que les états puissent ensuite agir en connaissance de cause. ». A.G.