Référence agro

Le Réseau agriculture durable Civam propose une MAE système, économe en intrants

Le | Archives

Passer d’une approche par « culture » à une approche « système de cultures  », d’une production conventionnelle à une production intégrée, telles sont les grandes lignes du programme expérimenté pendant trois ans par 56 exploitations du RAD Civam. Avec à la clé, l’élaboration d’un cahier des charges que le réseau propose comme référentiel d’une nouvelle MAE. « Si si … c’est possible ! » En détournant avec une pointe d’humour la recommandation « si possible », apposée à l’objectif de réduction des pesticides de 50 % à horizon 2018 décidé lors du Grenelle de l’environnement, Benoit Drouin, agriculteur et administrateur du Réseau agriculture durable Civam a voulu montré qu’en changeant de braquet, les agriculteurs peuvent produire avec moins d’intrants. Lors du colloque sur les systèmes économes en intrants organisé à paris le 13 février avec WWF, les résultats des programmes Grandes cultures économes menés sur trois ans par 56 agriculteurs du Grand Ouest ont montré que l’objectif a été atteint voire dépassé pour certains. « Au terme de ces 3 ans, 23 % des exploitations répondent pleinement aux critères du nouveau cahier des charges, alors que seulement 8 % le respectaient au départ. De plus ces exploitations consomment 20 % d’énergie en moins que la moyenne nationale et émettent 20 % de gaz à effet de serre en moins  ». Parmi ces volontaires, une dizaine a révélé des profils particulièrement performants. C’est l’analyse de leur fonctionnement, l’identification des facteurs de performance qui a permis de rédiger en cours de programme un nouveau cahier des charges. Celui-ci a été ajusté et proposé comme base pour une MAE système, économe en intrants. A mi-chemin entre le bio et la MAE rotationnelle En conséquence, le réseau souhaite que ce cahier des charges soit agréé par le ministère de l’Agriculture en tant que mesure agri-environnementale dans le cadre de la PAC 2013. « Il se place à mi chemin entre le bio et la MAE rotationnelle », a expliqué Alexis de Marguerye, coordinateur FRCivam, mettant aussi en avant la reproductibilité de ces recommandations. Pour autant la question de la représentativité des agriculteurs qui ont appliqué le programme est posée. Ce cahier des charges s’appuie sur des rotations longues, principal levier, et suppose que le débouché pour certaines productions, comme les légumineuses, soit renforcé, appuyé par une meilleure logistique. Pour arriver à réduire leur consommation en intrants, les agriculteurs ont du, de leur propre aveu «  recombiner les techniques, regarder autrement les parcelles ». Sébastien Lallier, agriculteur dans la Beauce a témoigné lors du colloque du changement de modèle de production qu’il a opéré en 2008 sur l’exploitation reprise à ses parents. Passant d’une rotation colza - blé - blé -orge à une plus grande diversité des productions, introduisant des cultures de printemps, pois tournesol, de la féverole, pour casser les cycles des parasites, ravageurs et mauvaises herbes. Il a instauré le faux semis pour contrôler les populations de vulpins, labouré pour enfouir les graines de mauvaises herbes, couvert les sols. Côté résultat, il présente, le même niveau de marge brut, toutes cultures cumulées : « les charges ont été diminuées par 2 et les légumineuses ont eu un impact positif sur la productivité en blé. »

Crédit photo : FRCIvam