Les agriculteurs méthaniseurs déplorent un manque de rentabilité
Le | Archives
La rentabilité de la méthanisation agricole n’est pas une évidence. L’Association des agriculteurs méthaniseurs de France, AAMF, tire la sonnette d’alarme et dénonce des incohérences administratives pénalisantes pour le secteur. La fiscalité foncière est notamment montrée du doigt ainsi qu’un manque de reconnaissance de l’utilité environnementale de la méthanisation. L’AAMF revendique ainsi une prime aux effluents d’élevage réévaluée et l’autorisation de commercialiser les digestats, aujourd’hui sans statut. « Nous avons déjà investi 15 000 € pour déposer un dossier à l’Anses et homologuer le digestat, sans réponse pour le moment, précise Alain Guillaume, président de l’AAMF. Nous suggérons, en attendant que cela aboutisse, une utilisation des digestats sous tutelle de l’administration, pour prouver sur le terrain l’innocuité. » Une manière de mettre les pouvoirs publics face à leur responsabilité. Des frais à anticiper dès les années 1, 4 et 5 Mais l’AAMF, qui rassemble deux tiers de la méthanisation agricole française, soit 60 unités installées et 40 en projet, met également en évidence des coûts parfois sous-estimés dans les business plans. « La trésorerie de l’année 1 est dégradée le temps de la montée en puissance de l’installation, qui n’est pas instantanée, mais surtout, de grosses réparations sont à prévoir en moyenne dès les années 4 ou 5, et non pas après 7 ans », témoigne Philippe Collin, administrateur de l’AAMF. Par expérience, une provision de 4 % du chiffre d’affaire annuel est à prévoir pour faire face aux frais d’entretien et de maintenance. « Nous tenons à tordre le cou à certaines communications sur la méthanisation, qui sont pour le moins optimistes », conclut Alain Guillaume. Dans ce contexte, les pionniers de la méthanisation doutent du bien-fondé du plan Emaa (Plan énergie méthanisation autonomie azote) qui prévoit l’installation de 1000 méthaniseurs agricoles d’ici 2020. « Aujourd’hui, nous n’encourageons pas nos confrères à se lancer, explique une membre du bureau de l’AAMF. Beaucoup d’entre nous ne recommencerait pas l’aventure dans ces conditions. »