Référence agro

« Les agriculteurs veulent diversifier leurs cultures », Aymeric Dezobry, Agora (60)

Le | Archives

Entre une demande de produits durables et nutritifs, et le besoin exprimé par les agriculteurs de diversifier leurs cultures, les coopératives sont au carrefour des évolutions attendues des secteurs agricoles et alimentaires. C’est ce qu’exprime Aymeric Dezobry, de la coopérative Agora, à l’occasion de la remise des prix du concours Prot’eat, centré sur les légumineuses et les protéines végétales.

Référence environnement : Que représente la féverole, au sein de votre coopérative ?

Aymeric Dezobry : En tant que culture pure, la féverole est en recul sur notre territoire. La tendance est plus positive en tant que culture compagne. Tartimouss, qui vient de remporter un prix Prot’eat, représente moins d’une tonne de débouché pour nous. Mais ce succès peut dynamiser leurs besoins. Et surtout, c’est une ouverture intéressante vers le marché de l’alimentation humaine pour la féverole, jusque-là inexistant en France.

R.E. : Sentez-vous une accélération pour ce type d’innovation ?

A.D. : L’innovation, la demande de changement, ne vient pas de là où on pourrait le croire. Ce n’est pas tant l’aval qui nous challenge, mais surtout les agriculteurs. Ils souhaitent de nouvelles cultures, pour diversifier leurs rotations. Mais ils ne se contentent pas d’attendre : ils proposent. On m’a interpelé sur des cultures que je connaissais à peine ! Une nouvelle génération d’agriculteurs arrive, motivée par ces enjeux. Le modèle standard de la ferme du nord de la France est en train de laisser place à une agriculture plurielle.

R.E. : Comment Agora se positionne-t-elle dans ce panorama ?

A. D. : Il y a cinq ou dix ans, cette demande n’existait presque pas. Y répondre demande beaucoup de travail, mais j’ai le sentiment qu’on doit entretenir et participer à cette dynamique. Il faut proposer des semences, s’intéresser à l’agronomie. Chercher des débouchés, aussi, y compris pour certaines intercultures. Plus globalement, on sent que l’offre et la demande se stimulent réciproquement. La coopérative est au carrefour de ces deux phénomènes. À elle d’être le moteur de l’innovation en agriculture.