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Les exigences du Ceres mises en face des pratiques de fertilisation

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Le cercle de réflexion pour une fertilisation efficace et responsable (Ceres) rassemble depuis 2012 différentes parties prenantes* des filières agricoles et agroalimentaires, avec pour ambition de remettre la fertilisation au cœur des enjeux. Un livre blanc de la fertilisation a été publié en 2013. L’une des propositions de l’ouvrage : la création d’un « Système expert », soit une liste de bonnes pratiques pour une fertilisation optimisée, à soumettre aux filières pour une éventuelle intégration dans leurs propres cahiers de charges. Ce travail initié en 2014 a abouti à une série d’exigences en matière de fertilisation que le Ceres a souhaité confronter à la réalité du terrain. Partenaire technique de Ceres, AgroSolutions (filiale d’InVivo), a mené ce travail sur 12 290 exploitations, soit 1 345 000 hectares et 10 % de la SAU française. « Ces exploitations utilisent déjà Epiclès, outil d’optimisation de la fertilisation », a introduit Pierre Compère, responsable filière d’AgroSolutions lors de la présentation des résultats le 31 mai.

Mieux cerner les besoins du sol

La première de ces exigences concerne la réalisation d »une analyse de terre tous les cinq ans. Sur l’échantillon analysé, seules 39 % des surfaces sont dans les clous. 70 % des surfaces sont concernées par cet exercice, mais avec une régularité excédant les cinq ans.

Seconde exigence : adapter le calcul des doses de fertilisants en fonction des spécificités techniques attendues pour la culture, selon le débouché ciblé (panification, biscuiterie…). 51 % des surfaces étudiées sont dans ce cas de figure, « dont les atouts en termes d’émissions de gaz à effets de serre et d’ammoniac sont avérés », précise Pierre Compère.

La troisième obligation, pour le Système expert du Ceres, concerne la culture de colza. Il s’agit de faire un bilan de la biomasse dans les parcelles en sortie d’hiver. Une pratique concrétisée pour 55 % des surfaces, où la biomasse est mesurée ou au moins estimée.

AgroSolutions s’est livré au jeu de la combinaison de ces critères. 23 % des exploitations étudiées cumulent ainsi les bons points sur les analyses de terre quinquennales, la prise en compte des spécificités des variétés implantées, et la mesure de biomasse en sortie d’hiver, le cas échéant.

Les enjeux de la fertilisation ne se bornent pas au diagnostic à construire avant l’apport. Le Ceres s’intéresse aux effets concrets de ce diagnostic sur l’acte de fertilisation. L’un des indicateurs pour mesurer cet effet est le fractionnement. Dans l’échantillon, les doses de fertilisants minéraux sont fractionnées en plus de deux apports dans 93 % des cas, et plus de trois dans 51 % des cas.

L’étude commandée par le Ceres porte également sur certaines pratiques étiquetées « voies de progrès », c’est-à-dire non-obligatoires dans le Système expert, mais recommandées. Par exemple, l’utilisation d’un outil de pilotage en végétation pour les derniers apports. En la matière, 26 % des exploitations de l’échantillon utilisent l’outil satellitaire Farmstar. Autre exemple de voie de progrès identifiée : l’intégration de légumineuses aux rotations, pratiquée par 25 % des exploitations de l’étude.

Effets bénéfiques des pratiques sur l’environnement : difficiles à isoler

Pierre Compère estime que les exigences de Ceres sont plutôt bien adoptées, plusieurs d’entre elles concernant déjà la moitié des surfaces analysées. Toutefois, des efforts restent à faire sur les « voies de progrès ». Concernant l’impact de ces pratiques sur les indicateurs environnementaux, Pierre Compère indique que l’interdépendance des facteurs rend difficile une lecture nationale. Il prône, pour l’avenir, d’autres travaux plus locaux, ou par filières, pour évaluer des systèmes homogènes.

* Ceres associe cinq collèges : les entreprises de fertilisation (représentées par l’Unifa), les agriculteurs par l’intermédiaire des coopératives (Cavac, Arterris, Axereal) ou filières (filière CRC), les entreprises de l’agroalimentaire (Lu, Monoprix), les centres techniques (ITB, UFS) et la société civile.