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Les règles de biosécurité allégées pour les petits élevages de volailles

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 La Confédération paysanne a présenté le 6 septembre un guide de biosécurité pour les petits élevages de volailles en circuits courts et en autarcie, c’est-à-dire sans commercialisation d’animaux vivants. Fruit d’un travail de quinze mois, dont une co-construction avec les éleveurs sur le terrain pendant près de huit mois, ce manuel a été validé par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) en juillet, après plusieurs mois de négociation.

Ce guide se veut une réponse alternative à l’industrialisation des élevages, vis-à-vis des questions sanitaires soulevées notamment par la grippe aviaire. Un outil destiné notamment aux petits exploitants, pour qui l’arrêté biosécurité du 8 février 2016, publié suite à l’épidémie de grippe aviaire de fin 2015, a été vécu comme « une véritable catastrophe remettant en cause la logique [de nos exploitations] », explique Jacques Rimbaud, secrétaire national de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) et éleveurs de volailles en Isère (38).

La reconnaissance des pratiques spécifiques des petits élevages

Les négociations avec la DGAL ont notamment porté sur la reconnaissance de la spécificité de ces exploitations en « bandes multiples » (animaux d’âges et d’espèces différents cohabitant) et en plein air. En vertu de l’arrêté de 2016, selon lequel une bande équivaut à une unité de production, un sas sanitaire doit être présent entre chaque bande. Un dispositif impossible à mettre en place dans ces petits élevages. Désormais, un seul sas est obligatoire, à l’entrée de la zone d’élevage.

L’autre simplification de taille obtenue concerne la désinfection des sites, hors Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), soit plus de 5000 animaux-équivalents. La règlementation instaure, pour les volailles de chair, un vide sanitaire de quatorze jours minimum entre chaque lot. Or, le guide fait état des faibles flux sur ces exploitations mais avec une présence de nombreux bâtiments déplaçables et de petite taille. Ces exploitations étant en bandes multiples, la perte de production peut-être très importante. « Pour mon exploitation, cela équivaut à près de six mois », fait valoir Jacques Rimbaud. Désormais, les exploitations de volailles de chair et de poules pondeuses, dont la surface totale des bâtiments est inférieure à 750 m², ne sont plus soumises à l’obligation d’un vide sanitaire complet.

Une vraie attente des éleveurs sur le terrain, selon la Confédération paysanne

Définition des zones, nettoyage des bâtiments, protection des contaminations extérieures, gestion des effluents ou des nuisibles : de nombreux conseils spécifiques sont également listés. Des tableaux et des fiches à remplir, présents à la fin du guide, permettent à l’exploitation de définir son plan personnel de biosécurité.

« La reconnaissance de l’existence de plusieurs modes d’élevage » et « l’adaptation en conséquence des critères sanitaires » a été « la principale difficulté et la victoire finale de ce guide », résume Nicolas Girod, secrétaire national de la Confédération paysanne. Répondant à une vraie attente des exploitants sur le terrain, ce guide sera diffusé dans toute la France.

Les éleveurs présents lors de la présentation ont enfin insisté sur l’importance de la transmission de ce guide aux relais territoriaux de la DGAL pour la mise en place de contrôles informés et adaptés. De nombreuses situations sont détaillées pour faciliter cette transition.