L’utilisation abusive des signatures « équitables » pour le lait bio se multiplient
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Référence-environnement : Vous alertez, dans un communiqué commun avec la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) et Lait bio de France, sur l’utilisation frauduleuse de la signature « lait bio équitable ». Quel est votre constat ?
Julie Maisonhaute : Les étiquettes « lait bio et équitable » se multiplient dans les rayons épiceries dans une certaine opacité. Certaines filières jouent peut-être le jeu, mais n’en apportent pas la preuve. D’autres exploitent clairement la cote de sympathie du commerce équitable, auprès du consommateur, sans se plier à ses exigences. Il est difficile de quantifier les volumes concernés, mais la tendance est malheureusement très nette. Et cela ne concerne pas seulement le lait bio. Le lait conventionnel, mais aussi d’autres produits sont touchés par ce phénomène.
R.E. : Quels sont les leviers d’action pour changer la donne ?
J.M. : Une utilisation inappropriée de la signature « commerce équitable » peut faire l’objet d’une plainte auprès des services de répression des fraudes. Nous avons déjà actionné ce levier, et nous continuons. Nous essayons également d’attirer l’attention politique sur ce problème. Le « commerce équitable » est défini dans la loi française depuis 2014. Mais de nombreux acteurs ont trouvé la faille, en n’utilisant que le mot « équitable », ou en parlant de « rémunération juste ». Nous essayons d’élargir la portée de la loi au terme « équitable », même s’il n’est pas accolé à « commerce ». Plusieurs sénateurs sont avec nous, un amendement en ce sens est actuellement étudié dans le cadre de la loi Pacte, pour « plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises ».
R.E. : Êtes-vous actifs directement auprès des filières ?
J.M. : Au-delà de l’action politique et des plaintes, c’est notre priorité. Certaines filières biologiques françaises se sont développées autour de prix rémunérateurs engagés sur la durée, entre producteurs transformateurs et distributeurs, prouvant que des relations commerciales équilibrées sont possibles. Nous demandons aux transformateurs et aux distributeurs de fournir aux consommateurs des garanties, et surtout de dialoguer avec les producteurs afin de les associer à la définition des « prix justes », dès le lancement d’une telle démarche. C’est la base du concept de commerce équitable !