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Méthanisation : des atouts mais une performance à améliorer

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Belle dynamique, voie pour la transition énergétique… Avec 160 unités de méthanisation agricole actuellement en fonctionnement sur le territoire français, le secteur du biogaz pourrait fournir de 3 à 3,5 % de la production d’énergie en 2030 et 2050. Lors du colloque organisé le 13 mai par l’Ademe à la Maison de la chimie à Paris, Marc Cheverry, chef du service prévention et gestion des déchets, a salué l’évolution de la filière depuis la première édition organisée en 2008. « Les acteurs se sont structurés pour que la filière se développe, 60 unités sont mises en service chaque année et l’essor devrait se poursuivre grâce au Plan d’action énergie renouvelable et au Plan énergie méthanisation autonomie azote. » Ainsi, 1000 installations supplémentaires sont attendues en 2020, le gisement de ressources mobilisables est estimé à 130 millions de tonnes et plus de 80 % provient du monde agricole sous forme d’effluents d’élevage, de résidus de culture, de fauches et de déchets. Il souligne aussi le double enjeu lié à ce secteur : « C’est à la fois une valorisation agronomique avec le retour au sol de la matière organique issue de la méthanisation et une meilleure gestion de l’azote, mais aussi la production d’énergie renouvelable au niveau local. » Des points de vigilance Ce modèle à la française est avant tout orienté vers des unités qui utilisent les déchets organiques : « Une volonté des pouvoirs publics, souligne-t-il. L’objectif est alors de mobiliser la matière solide tout en améliorant la performance des exploitations. » Une étude réalisée par Biomasse Normandie auprès de 11 unités a toutefois mis en évidence quelques limites. Les points de vigilance concernent le surdimensionnement du digesteur, l’approvisionnement fragile en déchets extérieurs à la ferme en raison de la concurrence croissante entre unités, des performances non optimisées, une déperdition d’un tiers de l’énergie et un manque de formation pour optimiser l’utilisation de l’outil. « Mieux anticiper ces risques, impliquer l’ensemble des acteurs, avoir un regard critique et disposer d’un état des lieux régulier sont essentiels », indique Sandrine Banville, directrice du programme. Développer le biogaz épuré Par ailleurs, les besoins en chaleur ne sont pas constants au fil de l’année, d’autres débouchés peuvent être recherchés pour optimiser la production d’énergie. L’épuration du biogaz est aussi une source de diversification afin qu’il soit injecté dans le réseau d’approvisionnement en gaz naturel. Quatre unités de ce type sont actuellement en service et quatre autres démarreront d’ici à la fin 2014. Pour stimuler ce nouveau segment, la France contribue au programme européen Green Gas Grid. Ainsi, entre 12 et 30 TWh pourraient être orientés vers le réseau d’ici à 2030. Quant à la rentabilité du secteur, elle reste encore dépendante des aides même si dans le cadre d’une étude menée par l’Ademe en 2014 auprès de 21 installations, les coûts à l’investissement ressortent moins élevés que prévus, soit 5610 €HT/Kwe pour les unités à la ferme et 6520 €HT/Kwe pour les unités centralisées, les aides couvrant le tiers des investissements. En 2013, 35 M€ ont été alloués au titre du fonds chaleur. « L’objectif est bien de tendre vers un dispositif qui s’appuie sur le moins de soutien possible », conclut Marc Cheverry. Mise en place de solutions types pour réduire les coûts à l’investissement, amélioration du rendement global, valorisation du digestat via la fertilisation constituent autant de leviers.