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Niveau 3 de la HVE : Farre Pays-de-la-Loire a testé… et réajusté

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Enlisement sur le terrain… c’est un peu ce qu’observe Romain Devaux, animateur Farre de la Sarthe au sujet de la certification environnementale des exploitations agricoles. « Il est vrai que la période n’est pas non plus propice pour motiver les agriculteurs sur ce thème », commente-t-il.  Quant bien même, c’est le 11 octobre qu’il a pu présenter, devant une assemblée d’agriculteurs membres du réseau et sur l’exploitation de Jean-Marc et Gilles Lézé localisée près de Cherré dans le Maine-et-Loire, les résultats de l’expérimentation conduite au sein de dix fermes qualifiées agriculture raisonnée et toutes membres de Farre. Elles ont bien voulu se prêter au jeu de l’examen de passage pour le troisième niveau donnant lieu à la certification Haute valeur environnementale (HVE) de l’exploitation (1). Objectif : évaluer la faisabilité du niveau 3. En test, pour toutes, l’option A, avec sa batterie d’indicateurs de performance portant sur la biodiversité, l’eau, la fertilisation, les produits phytosanitaires, et l’option B, pour deux d’entre elles. Une seconde option se focalisant sur deux critères : le pourcentage de SAU en biodiversité et le poste charge d’intrants par rapport au chiffre d’affaires. S’il dans cette expérience, il n’a été possible d’atteindre la HVE que par l’option A, celle-ci s’est révélée beaucoup plus difficile à calculer en raison des très nombreux indicateurs à valider. A.D. “( 1) Le ministère de l’Agriculture avait réalisé en 2008 une expérimentation avec des fermes pilotes de cinq département, mais cette étude portait sur le niveau 2 de la certification.'” Pour l’option A de HVE : 4/10, pour l’option B : 0/2 D’ores et déjà, sur les dix fermes, quatre auraient pu être certifiées HVE, toutes ont eu d’excellents résultats sur le volet biodiversité… l’effet bocage. Point intéressant, les six qui n’ont pas le niveau sont des irrigants et pourtant ce sont eux qui ont recueilli les meilleures notes sur le thème de l’eau. De cette expérience, il ressort que certains indicateurs sont inadaptés à certaines cultures comme « demander un bilan azoté en arboriculture, comptabiliser en surface fertilisée la prairie ayant eu un apport de fumier dans le cadre d’un élevage ou élever deux espèces menacées »… et ne pas dépasser 30 % en charges d’intrants par rapport au chiffre d’affaires est très difficile, aucune des deux exploitations n’y est arrivé. » Si les diagnostics ont été finalisés en avril 2009 et que le ministère dispose des résultats depuis cet été, rien ne semble pour autant avancer. Le texte de décret est pourtant prêt à être publié mais le volet communication est loin d’être calé, confronté au refus catégorique des acteurs de l’agriculture biologique, même si cette mention HVE sur les produits finis est entérinée dans la loi Grenelle 2. Quant aux indicateurs du niveau 3, la FRSEA Pays-de-la-Loire demande, pour certains, qu’ils soient revus afin « d’affiner le référentiel pour ne pas exclure des agriculteurs, voir des filières. » La Fédération souhaite aussi des précisions sur les guides d’interprétation pour valider certaines exigences. Du côté du ministère de l’Agriculture, le décret sur la HVE est annoncé au plus tard en juin 2011. _ Les résultats HVE de dix exploitations des Pays-de-la-Loire “'Pour l’option A de la HVE'”, il faut valider 10 points pour chaque indicateur portant sur la biodiversité, l’eau, la fertilisation, les produits phytosanitaires. Sur le thème biodiversité,  la moyenne des points est 100 ! Les km de haies étant très importants, immédiatement la correspondance en surface en éléments topographiques fait grossir les surfaces, puisque 1 km de haies équivaut à 100 m 2. En revanche, la biodiversité animale est difficile à valoriser. Côté phytosanitaires, 7 exploitants sur 10 ont eu les 10 points, avec une forte hétérogénéité, de 2 à 7 points. Les difficultés portent sur les méthodes alternatives à mette en place : quelles sont leurs périmètres ? De même les surfaces non traitées sont difficilement identifiables. En arboriculture, l’inter -rang enherbé est considéré comme traité. « Toute l’arboriculture conventionnelle est donc exclue ? », interroge Romain Devaux. En fertilisation, 6 exploitants sont en phase. Sauf que l’indicateur bilan azoté ne peut convenir pour les cultures pérennes. Les légumineuses par contre ne sont pas assez valorisées du goût des producteurs en regard de leur apport environnemental. Elles ne donnent que 2 points. Et les OAD sont difficilement cernables Quant à la  gestion de l’eau, elle n’a pas posé de problèmes avec une note moyenne de 13,8. Un besoin de clarification des pratiques agronomiques permettant d’économiser l’eau a été soulevé. Les deux fermes ayant aussi essayé l’option B ont pu dépasser le critère 10 % de SAU en biodiversité mais aucune n’était dans les clous côté intrants. La première a relevé sur la campagne agricole passée un taux de 35,9 % de charges par rapport au CA, la seconde de 50,8 %… on est très loin du compte.