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Objectif 4 % pour une reconquête de la qualité de l'eau !

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Afin de préserver la qualité de l’eau, le groupe technique Zones Tampons, co-animé par l’Irstea et l’Onema et réunissant de nombreux organismes, a pu mettre en évidence que « consacrer quelques pourcentages de la surface d’un bassin versant à des zones tampons permet de diminuer de façon significative l’impact de l’agriculture sur la ressource en eau. » Cette idée a été mise en avant par Guy Le Henaff lors du séminaire sur la protection des ressources vis-à-vis des pollutions diffuses, Polldiffeau, organisé à Nancy, les 15 et 16 novembre. Il propose ainsi l’objectif « 4 pour cent pour l’eau », dans le même esprit que le « 4 pour mille » recommandé par Stéphane Le Foll lors de la Cop 21 pour le stockage du carbone dans les sols agricoles.

L’atout des zones tampons

Les études réalisées dans différentes situations agro-pédo-climatiques s’appuient sur des surfaces qui varient entre 1 et 4 %. Julien Tournebize, ingénieur chercheur à Irstea, unité hydrosystèmes et bioprocédés, détaille ce concept : « 4 % pour l’eau signifie que 4 % de la surface d’un bassin versant sont dédiés aux zones tampon afin de diminuer l’impact de l’agriculture sur la ressource en eau. »

Ces zones tampons peuvent être des bandes enherbées en bordure de cours d’eau, des haies, des zones tampons humides comme des mares, des lagunes avec des végétaux filtrants pour réduire les phénomènes de ruissellement, érosion et épurer les eaux des fertilisants et produits phytosanitaires. Les surfaces dédiées et types de zones tampons sont à adapter en fonction du contexte pédo-agro-climatique et du fonctionnement hydrologique du bassin versant.

Un complément aux bonnes pratiques

« Suite à nos expérimentations sur sols hydromorphes drainés, nous avons analysé une limitation du transfert des nitrates vers les eaux de plus de 50 % si 4 % de la surface cultivée sont consacrés à ces zones de filtration. Pour les molécules phytosanitaires, ces taux sont en cours d’analyse, mais dans le cadre d’une expérimentation menée à Rampillon dans la Brie sur une exploitation sur sols drainés, ce taux est de 37 % avec une zone humide représentant de 0,15 % de la SAU et placée au point de convergence des collecteurs. Pour les nitrates, on pourrait obtenir 32 % d’efficacité avec 1 % de zone tampon. »

Selon les chercheurs, afin de limiter les pollutions diffuses, il faut non seulement agir sur les entrées avec la mise en œuvre des bonnes pratiques mais aussi agir en sortie en prenant en compte les chemins de l’eau dans les parcelles. Au delà de l’intérêt pour la qualité de l’eau, ces zones tampons permettent de structurer les paysages et de les rendre plus résilients.