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Qualité de l’eau : UFC-Que Choisir fustige l’agriculture

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« Les agriculteurs ne sont pas coupables, mais ils sont responsables de la mauvaise qualité de l’eau ». Olivier Andrault, chargé de mission alimentation et agriculture au sein de l’association de consommateur UFC-Que Choisir, ne mâche pas ses mots. Dans une étude rendue publique le 20 mars, l’association indique que 69 % des problèmes de qualité de la ressource en eau sont liés au secteur agricole, loin devant les contaminations associées à des défauts de traitement ou encore à la radioactivité. Toutefois, l’étude note que 97,5 % des Français ont accès tout au long de l’année à une eau de bonne qualité. Le travail d’UFC-Que choisir se fonde sur les résultats d’analyses publiés par le ministère de la Santé, depuis le deuxième semestre 2009 jusqu’à septembre 2011, qui considère comme non conforme l’eau d’une commune dont au moins un quart des analyses effectuées en deux ans ont montré qu’elle se trouvait au-dessus des limites réglementaires pour six critères. L’association note que la contamination par les pesticides arrive en tête, avec 60 % des pollutions d’origine agricole, suivie des nitrates (23 %) et du sélénium (17 %). « Le problème du sélénium émane des prélèvements dans les nappes d’eau, notamment par le biais de l’irrigation, poursuit le chargé de mission. C’est un composant de la roche mère qui se retrouve de fait à une concentration plus importante dans l’eau. Or, nous ne savons pas grand-chose de sa toxicité. » UFC-Que choisir a utilisé son pouvoir de saisine pour interpeller l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, afin qu’elle réalise une étude en la matière. Appliquer le principe pollueur-payeur Pour UFC-Que choisir, le monde agricole n’a pas changé ses pratiques, malgré le Grenelle de l’environnement. « Les agriculteurs n’ont pas le choix et sont enfermés dans un système productiviste, indique-t-il. Nous demandons une application du principe constitutionnel pollueur-payeur. Un agriculteur qui ne respecte pas la directive nitrate ne devrait pas recevoir de subventions ». Autres propositions qu’UFC-Que Choisir va porter auprès de la Commission européenne et du ministre de l’Agriculture : protéger plus efficacement les captages et faire en sorte que les aides de la politique agricole commune soient réservées aux modes de production s’inspirant des principes des agricultures intégrées et biologiques. Les départements les plus touchés se retrouvent dans les zones d’agriculture intensive : Bassin Parisien (Eure-et-Loir, Loiret, Seine-et-Marne, Yonne), le Nord et la Champagne (Pas-de-Calais, Marne, Aube). Paradoxalement, la Bretagne s’en tire bien. Mais l’association de consommateurs dénonce une « non-pollution en trompe l’œil », résultant de mesures palliatives, comme la dilution des eaux polluées avec des eaux conformes, et qui n’attaquent pas les pollutions à la source Les agriculteurs, des consommateurs comme les autres Pour le syndicat agricole Coordination Rurale, l’association UFC Que Choisir « stigmatise une nouvelle fois le monde agricole en utilisant le concept déplorable d’agriculteur pollueur. » La Coordination tient à ouvrir les yeux de tous ceux qui pourraient se laisser berner par des propos trop simplistes et rappelle que « les agriculteurs sont des consommateurs comme les autres, soucieux de leur santé. A ce titre, ils souhaitent, eux aussi, consommer des denrées et de l’eau de bonne qualité. »