Réduction des pesticides : les sciences sociales s’y intéressent
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Un certain nombre travaux de recherche ont été menés sur les freins et leviers socio-économiques à l’adoption de pratiques économes en produits phytosanitaires, dans le cadre du programme « pesticides », dont les premiers résultats ont été dévoilés lors d’un colloque de restitution à Angers du 4 au 6 novembre, et du plan Ecophyto. Des travaux qui devraient davantage alimenter les politiques publiques. L’étude menée par Emilie Ginon, chercheur à l’ESC Dijon, sur l’évaluation des consentements à la réduction des pesticides dans le vin, montre qu’un viticulteur sur deux a conscience des problèmes liés aux produits phytosanitaires mais 41 % considèrent que les pesticides sont la meilleure solution. Ils sont en effet considérés comme une assurance contre le risque. Les agriculteurs doivent être assurés qu’un changement de pratique ne les pénalisera pas au niveau économique. « Mais chaque exploitant a un comportement différent face à la prise de risque, indique Douadia Bougherara, chercheur à Montpellier SupAgro. Les conseillers devraient prendre en compte ce facteur. » Les générations futures d’abord Les producteurs aiment connaitre les pratiques vertueuses de leurs prédécesseurs. « Ils sont également plus sensibles aux impacts pour les générations futures, poursuit Emilie Ginon. Les collectivités devraient davantage communiquer en ce sens sur les conséquences des produits phytosanitaires. » D’une manière générale, les exploitants seront plus enclins à réduire les intrants s’ils déterminent eux mêmes ce qu’ils veulent faire plutôt que s’ils subissent une contrainte réglementaire. Quant aux consommateurs, le prix reste toujours le critère de choix numéro un. « L’environnement n’est pas spontanément cité, poursuit Emilie Ginon qui a étudié les comportements des acheteurs dans un magasin virtuel. Les vins produits en biodynamie sont majoritairement choisis. En revanche, ceux en protection intégrée ne le sont pas plus que les vins en conventionnel. » Des freins sur toute la filière Les participants au colloque ont noté que les recherches s’intéressaient essentiellement aux agriculteurs. « Nous nous sommes peut-être trompés de cible, reconnait Bouchra Zouhri de l’Université de Nîmes. Il y a des freins dans l’ensemble de la filière. » D’où la nécessité de prendre en compte toute la chaîne de production. « Les agriculteurs sont dépendants des institutions, ajoute Armance Vallette, de l’Université de Nîmes. Ils sont la partie visible de la filière donc plus facilement identifiables et davantage stigmatisés. » Une situation qu’ils ont souvent du mal à vivre.