Rencontres de l’alimentation durable : une journée pour impulser un changement de modèle
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« Les enjeux liés à la question alimentaire et de durabilité sont en pleine accélération. Nous nous posons la question de savoir si nous allons être à la hauteur. Face à un certain immobilisme désespérant, nous avons voulu, avec ces Rencontres, donner l’image d’un mouvement joyeux », résume, en clôture des Rencontres de l’alimentation durable, Marie-Stéphane Maradeix, déléguée générale de la fondation Daniel et Nina Carasso, organisatrice de l’événement. Gestion des biens communs, synergies entre entreprises et société civile, rôle de l’éducation au bien manger, levier de la restauration collective… Les thèmes de cette deuxième édition, organisée le 29 janvier, étaient variés, tout comme le panel d’intervenants, issus des milieux associatif, privé, universitaire ou étatique.
Pas de transition écologique sans transition sociale
Si la nécessité de rendre les systèmes alimentaires plus résilients ne fait plus débat, les moyens d’y parvenir sont encore en discussion. « La transformation ne doit pas être une révolution. Il faut respecter le temps des acteurs en définissant des horizons réalistes », plaide Philippe Baret, ancien ingénieur agronome et professeur à l’Université catholique de Louvain. Le sujet fait consensus, tout comme celui de l’enjeu social de la transition écologique. « On pourra faire tout ce que l’on veut, il faut d’abord agir en faveur de l’éducation au bien-manger et à l’alimentation », assure Guillaume Garot, président du Conseil national de l’alimentation. La démocratie alimentaire, tout comme une meilleure évaluation de l’impact des alternatives, font partie des principaux défis identifiés à relever.
Le rôle central de l’agriculture
Difficile de parler de système alimentaire durable sans aborder la question agricole. Le biologiste et ancien président du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) Gilles Bœuf a vivement appelé à des pratiques agricoles plus vertueuses, en rappelant le contexte d’effondrement de la biodiversité. Sans forcément tomber dans la chasse aux sorcières : « Tous nos paysages sont imprégnés par l’élevage. Dans les Pyrénées, il existe une espèce de coléoptère qui ne se nourrit que de bouse de vaches. Toute la question est donc désormais de retrouver une harmonie, un équilibre. »
Transition agricole génératrice d’emplois
Une intervention était spécifiquement consacrée au potentiel économique lié à la transition agricole. Le cabinet Terralim et l’association Resolis ont présenté les premiers résultats d’une étude sur le sujet. En ressort une corrélation positive entre création d’emploi et pratiques agricoles de transition. Une tendance qui découlerait de la diversification des productions. « Le maraîchage est énormément demandeur de main d’œuvre », souligne Gilles Maréchal, consultant chez Terralim, qui précise que la création d’emploi dépasse la limite des fermes, citant la distribution et l’administratif. Une transition qui doit être encadrée par un modèle économique solide, affirme Henri Rouillé d’Orfeuil, pilote du programme Alimentation durable et responsable chez Resolis. « Nous devons nous situer dans une économie de marché. Dans les premières années d’une conversion en bio, il peut y avoir des difficultés, légitimant un accompagnement public. Mais il ne faut pas envisager de rentrer dans un système durablement subventionné. »