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Résistance aux antibiotiques : l'Anses dévoile des chiffres à la baisse

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« La tendance de l’évolution des résistances est à la baisse ou à la stabilisation depuis dix ans pour la grande majorité des antibiotiques testés, et notamment critiques. » Jean-Yves Madec, directeur scientifique en charge de l’antibiorésistance à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), a diffusé le 15 novembre les données du réseau de surveillance de la résistance aux antibiotiques, Résapath.

Davantage de résistances pour les fluoroquinolones

Des chiffres concordants avec la diminution de 36,6 % de l’exposition globale des animaux aux antibiotiques sur les cinq dernières années, dont les plus critiques, fluroquinolones et céphalosporines de dernière génération (C3G/C4G). Pour ces derniers, la proportion de résistance se situe sous la barre des 3 %. Les chiffres sont plus élevés pour les fluoroquinolones : en 2016, la résistance est évaluée à 5 à 7 % pour les poules, poulets et dindes, 10 % chez les porcs, et 16,5 % chez les bovins, où des efforts doivent être accentués.

Colistine : des données qui rassurent

Quid de la colistine ? Cet antibiotique majeur en médecine humaine avait suscité des interrogations en fin d’année 2015, après la mise en évidence du premier mécanisme de résistance à la colistine transférable par plasmide. « L’exploitation des données montre une situation maîtrisée sur dix ans, avec une augmentation significative de la proportion des souches sensibles », indique Jean-Yves Madec.

La tendance est aussi à la baisse pour les antibiotiques non critiques. « La diminution de la résistance à la tétracycline dans les filières volailles, et dans une moindre mesure dans la filière porc, est le phénomène le plus marquant », poursuit le directeur scientifique. Sur la période 2011-2016, la proportion de souches multi-résistantes baisse significativement pour toutes les espèces.

Gilles Salvat, directeur de la santé et du bien-être animal, à l’Anses

« Mieux connaitre la composante sociologique du recours aux antibiotiques »

« Les actions menées par les éleveurs et les vétérinaires, comme la limitation de l’utilisation des céphalosporines en filière porcine, les modules de formations destinés aux éleveurs, ou l’élaboration de guides de bonnes pratiques, accompagnées par le plan Écoantibio, ont permis d’atteindre les différents objectifs fixés. Il faut continuer dans cette dynamique, en accompagnant les éleveurs et les vétérinaires. Ce sont les objectifs que souligne le plan Écoantibio 2 (2017-2021). La baisse du recours aux antibiotiques passera nécessairement par l’amélioration continue de la maitrise sanitaire des élevages, le développement d’alternatives aux antibiotiques, l’étude de l’impact économique des mesures préconisées et par la meilleure connaissance de la composante sociologique du recours aux antibiotiques. Le travail conjoint des sociologues, des économistes et des biologistes devrait œuvrer dans ce sens. »