Référence agro

SIA2019. Le commerce équitable assure aussi la transition agroécologique

Le | Archives

Le 27 février 2019, à l’occasion du Salon de l’agriculture, l’Agence bio a dévoilé une étude sur le lien entre la rémunération des producteurs et la transition agroécologique, réalisé par le Bureau d’analyse sociale pour une information citoyenne, Basic. L’objectif est d’analyser les bénéfices du commerce équitable « Origine France », en s’appuyant sur deux filières : le lait avec la société Biolait, et les légumes secs avec la Ferme de Chassagne.

Accélération des conversions en bio

Selon l’étude, le commerce équitable a accéléré les conversions en agriculture biologique grâce à la construction de filières rémunératrices ayant une visibilité dans le temps. « Le développement d’une expertise technique et l’appartenance à un groupe de producteurs ont permis de lever les freins à la conversion », reconnait Marion Feige-Muller, une des auteurs du rapport. L’impact environnemental est amélioré car les organisations de producteurs ont défini des chartes de production allant au-delà du bio : fermes 100 % bio, maintien de la biodiversité, alimentation animale 100 % française, etc.

Les deux structures ont des typologies très différentes. Biolait collecte le lait bio avec un fonctionnement coopératif regroupant 1200 exploitations. Alors que la Ferme de Chassagne a une taille plus modeste : elle rassemble neuf fermes bio et assure le stockage, le triage, le séchage et le conditionnement. Pourtant, la répartition de la valeur est assez similaire. « 40 à 50 % du prix d’achat revient à l’agriculteur », explique Théophile Jouve, directeur de Biolait. Pour construire une filière laitière équitable, les relations reposent sur des accords tripartites, avec un engagement de cinq ans sur les volumes et de trois ans sur les prix. La ferme de Chassagne a, elle, choisi de mettre en place des contrats bilatéraux fondés sur un engagement dans la durée, une fixation des prix qui prend en compte les coûts de production et une transparence de la filière. « Ces deux structures ont décidé d’investir dans un point majeur de la chaîne de valeur pour mieux la répartir, ajoute Marion Feige-Muller. Ce sont les organisations de producteurs qui sont à l’initiative de la démarche. »

La loi sur l’économie sociale et solidaire de 2014 a élargi le cadre légal du commerce équitable au pays du Nord. « Nous avions déjà vu les bénéfices du commerce équitable pour les pays du Sud. Nous sommes très satisfaits que ce mouvement soit désormais ouvert à la production française, se félicite l’agronome Marc Dufumier. Il est important de réaliser des études d’impact pour prouver au consommateur son bien-fondé. »

Mieux cadrer le commerce équitable

Reste à mieux encadrer la pratique. Un amendement au projet de loi Pacte, le Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises, a été déposé pour combler l’ambiguïté qui pèse sur le secteur. « L’allégation « commerce équitable » est protégé. Or, ce n’est pas le cas du mot « équitable » parfois utilisé abusivement par les marques », explique Julie Maisonhaute, responsable commerce équitable origine France. Si Marc Dufumier prône une reconnaissance publique du commerce équitable, à l’instar de l’agriculture biologique, des cahiers des charges et des labels privés existent toutefois et permettent au consommateur d’y voir plus clair. « Nous développons le label « Fair for life » suite à la demande du groupe Danone », étaye Théophile Jouve.

Le commerce équitable se développe en France. En 2017, les ventes de produits issues de ce mode de production ont généré un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros, en hausse de 18 % par rapport à 2016.