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Sima 2019. Rencontres de l’agriculture du vivant : capter la dynamique autour de la réduction de travail des sols

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Le clap de fin, pour les premières Rencontres internationales de l’agriculture du vivant, a retenti le 24 février, après quatre jours de conférences et d’échanges au Sima, le Salon du machinisme agricole, au parc des expositions de Villepinte au nord de Paris. « Chacune des quatre journées a mobilisé 500 participants sur Paris, et le double via la diffusion en ligne », précise Luis Barraud, responsable communication de l’association « Pour une agriculture du vivant », co-organisatrice de l’évènement avec Vers de Terre production.

« On ne peut que gagner du terrain »

Au programme ? Un vaste tour d’horizon des pratiques culturales articulées autour de la réduction du travail des sols. « Techniques culturales simplifiées, non-labour, semis direct, agriculture de conservation… plusieurs dynamiques sont à l’œuvre, estime Frédéric Thomas, fondateur de la revue TCS. Elles sont à un moment charnière. L’idée n’est plus d’être « contre » quelque chose, en l’occurrence le travail du sol, mais « pour » les couverts végétaux. Un changement qui redonne de l’impulsion ! » Du fait de la pluralité des pratiques concernées, un suivi précis de leur adoption est compliqué. Mais pour Alain Canet, directeur de l’association Arbres et paysages 32, l’atout numéro de ce mouvement est son irréversibilité : « Aucun adepte de nos méthodes ne revient en arrière. Nous ne pouvons donc que gagner du terrain. »

La force du réseau

Une certitude largement partagée par les participants… malgré l’avenir incertain du glyphosate, allié précieux dans la destruction des couverts. « Le remue-ménage actuel crée de la réflexion, oblige à aborder chaque cas, note Frédéric Thomas. Après avoir donné une ligne directrice ferme, Emmanuel Macron semble prendre en compte la complexité du problème. Quoiqu’il arrive, et même sans glyphosate, soyons plus malins, trouvons des solutions ensemble. » C’est l’autre idée forte des rencontres, synthétisée par Odette Ménard, agronome au ministère de l’Agriculture du Canada : « Pour progresser, le réseautage est indispensable, y compris à l’échelle internationale. Il y a chez moi, actuellement, 22 centimètres de neige, ici les blés mesurent déjà 10 à 15 cm, mais nos défis sont les mêmes. »

Réflexions autour d’un label « vie du sol »

Si deux tiers des participants étaient agriculteurs, des ONG, des chercheurs ou encore des représentants des filières agro-alimentaires ont également participé. Car au-delà d’échanges très techniques, la question de la valorisation des pratiques de préservation des sols s’est posée. Au sein de Pour une agriculture du vivant, une réflexion autour d’un label est en cours. L’intérêt et la faisabilité d’un tel label fait débat. « Mesurer l’effet de nos pratiques pour mettre en place une logique de résultat, c’est possible mais très cher, glisse François Mulet, directeur de Vers de Terre production. À ce stade, nous sommes plutôt actifs sur la formation, l’accompagnement. »

L’accessibilité des indicateurs de suivi de la vie des sols devrait être plus grande dans deux ans, à l’occasion de la deuxième édition des Rencontres internationales de l’agriculture du vivant. « Nous avons opté pour ce rythme biennal pour éviter la répétitivité des constats d’une édition sur l’autre. Nous sommes convaincus d’avoir beaucoup d’éléments nouveaux à partager en 2021 ! »

 

Légende sans barbe : « Certains maïsiculteurs désherbent leurs parcelles avec des canards… La réduction du travail des sols alimente la créativité des agriculteurs ! », Frédéric Thomas, agriculteur et fondateur de la revue TCS.