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Valoriser l’agriculture écologiquement intensive par le marché

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La quatrième édition des entretiens de l’Agriculture écologiquement intensive (AEI), qui se tenait à Angers les 6 et 7 février, avait pour objectif de faire mieux reconnaître l’AEI dans les circuits économiques et auprès des consommateurs. Pour Michel Griffon, président de l’AEI, «  en améliorant la production environnementale, nous améliorons la qualité organoleptique et gustative de manière indissociable ». Il appelle les industriels, la grande distribution et les coopératives à jouer un rôle dans la valorisation de ces produits. Une étape clé dans la consolidation de l’AEI, estime-t-il. Comment organiser les filières pour remonter de manière lisible et fiable des informations environnementales aux consommateurs. « C’est en partant du produit fini car le consommateur a besoin d’une réponse globale et pas seulement d’une réponse d’un bout de la filière », a expliqué Pascal Hébel du Credoc. Maximilien Rouer, président de Becitizen, a pour sa part insisté sur «  l’extraordinaire segmentation » qui est en marche avec la possibilité pour le citoyen d’exprimer ses émotions via les différents médias sociaux. « Une chance extraordinaire de mieux faire reconnaître la diversité des produits et des savoirs faire agricoles français », a-t-il conclut. Les consommateurs, prêts à payer Mais les consommateurs sont-ils prêts à payer plus chers un produit AEI ? Oui, répond Mohamed Merdji, professeur de sociologie et de consommation à l’école supérieure de commerce de Nantes Audencia. Il présente, à l’appui, l’expérience menée sur le jambon issu de la filière BBC, ou bleu blanc cœur, qui agit sur l’alimentation des animaux. « Quand les consommateurs reconnaissent la différence gustative et qu’on leur explique les pratiques des agriculteurs, ils acceptent de rémunérer les efforts », assure-t-il. Mohamed Merdji relève un paradoxe du consommateur : alors que les pesticides ou encore le recours aux antibiotiques font partie des sources d’inquiétude majeure, l’agriculteur reste un interlocuteur fiable pour le citoyen, juste derrière les médecins et les associations de consommateurs. Ils sont considérés plus crédibles que les médias, les associations environnementales et très largement devant les instances européennes ou les marques alimentaires. « L’AEI, qui accorde une place centrale à l’agriculteur, peut alors ouvrir un segment de marché entre l’agriculture conventionnelle et le bio », indique-t-il. Une opportunité commerciale pour les marques Autre exemple : les trophées du bien-être animal, délivrés à des industriels par l’ONG CIWF. « C’est une stratégie win-win, explique Amélie Legrand, chargée des affaires agro-alimentaires à CIWF. Le bien-être animal devient une possible opportunité commerciale qui valorise les engagements des éleveurs ». Amélie Legrand cite l’exemple de la société Amora qui a obtenu un œuf d’or en 2008 et a communiqué sur sa mayonnaise produit avec des œufs de plein air. Résultat : en un an, les ventes ont augmenté de près de 10 % en valeur, avec 5 % de part de marché en plus. Depuis 2012, la coopérative Terrena, fer de lance de l’AEI, commercialise un seul produit, le lapin, sous une bannière « Nouvelle Agriculture » nourri avec une alimentation sans OGM et élevé sans antibiotique, vendu 10 à 15 % plus cher que le standard du marché. D’autres produits estampillés devraient bientôt être commercialisés.