Référence agro

Encore relativement méconnue, l’ACS suscite néanmoins l’intérêt des consommateurs (étude)

Le | Decryptage-prospective

L’association pour une agriculture durable (Apad) vient de lancer son label dédiée à l’agriculture de conservation des sols. Dans le cadre de la préparation de cette initiative, officiellement présentée le 30 janvier, l’association a réalisé une étude pour connaître la perception d’un tel label par les consommateurs. « Plutôt que de lancer notre démarche dans notre coin, nous avons voulu en savoir plus sur la manière dont était jugée l’agriculture, et comment nos concitoyens réagiraient à une nouvelle offre, portée par les agriculteurs, voulant réconcilier environnement et pratiques agricoles », explique François Mandin, le président de l’Apad.

42 % des Français jugent l’agriculture néfaste pour l’environnement

L’étude a été réalisée fin 2019 auprès de 1500 personnes. « L’image de l’agriculture chez les Français est très mitigée, le bulletin de note est parfois sévère », commente Olivier Mevel, maître de conférences en sciences de gestion à l’Université de Bretagne Occidentale, qui a réalisé l’étude. Si 47 % des interrogés jugent que le modèle agricole actuel respecte l’environnement, 42 % le considèrent intensif et néfaste.

59 % des sondés donnent une note entre 0 et 6 sur 10 quand il leur est demandé d’évaluer l’impact de l’agriculture sur l’environnement. Seuls 8 % attribuent une note égale ou supérieure à 9. De nombreux résultats témoignent du doute, de l’hésitation des interrogés sur leur perception de l’agriculture. Ils sont seulement 43 % à juger que les agriculteurs font assez d’efforts pour réduire leur utilisation de produits phytosanitaires. « Nous observons une masse colossale de personnes neutres, c’est-à-dire attribuant une note entre 6 et 8, à leur niveau de confiance dans les agriculteurs », souligne Olivier Mevel. Une large majorité, soit 77 %, jugent néanmoins l’agriculture et l’environnement compatibles si les agriculteurs changent leurs pratiques.

Faire connaître l’ACS

L’étude avait également pour but d’appréhender la manière dont le label « Au cœur des sols », porté par l’Apad, pouvait être reçu. Premier enseignement : « 67,4 % des sondés sont incapables de citer d’autres pratiques agricoles, respectant l’environnement, que l’agriculture biologique. Les autres nous parlent d’agriculture raisonnée, de permaculture, mais jamais de la HVE, des SIQO, etc. », précise Olivier Mevel. Ce dernier insiste sur l'immense travail de pédagogie à déployer pour faire connaître ce label, et de manière plus globale, l’agriculture de conservation des sols.

Le label jugé « pertinent »

Les résultats sont largement plus positifs au sujet du label en lui-même. Après s’être fait expliquer succinctement son principe, les sondés encouragent à près de 85 % les agriculteurs à poursuivre ce projet. « Cela confirme qu’il y a un vrai besoin des citoyens et que les agriculteurs sont le tiers de confiance désigné pour porter un nouveau projet pour l’agriculture », assure François Mandin. 63 % des Français déclarent par ailleurs être prêt à payer plus cher car « c’est une démarche qui mérite d’être soutenue ».

200 fermes seront labellisées en 2020. François Mandin affiche l’objectif de 5000 labellisations en 2025.