Logistique des céréales : des pistes pour réduire les coûts ?
Le | Decryptage-prospective
Une étude, réalisée par les cabinets Ceresco et Systra, et publiée par FranceAgriMer le 20 novembre, dresse un état des lieux de la logistique pour la filière céréales, du champ au silo d’expédition. À chaque étape, des leviers de progrès sont identifiés pour réduire les coûts et ainsi, gagner en compétitivité.
Le 20 novembre, FranceAgrimer a publié une étude pour évaluer les coûts de la chaîne logistique céréalière et identifier les principaux leviers pour les optimiser. L’enjeu est de taille à l’heure où la filière céréalière s’est, dans le cadre de son plan filière publié à l’occasion des États Généraux de l’Alimentation, fixé comme objectif d’accroître sa compétitivité à l’export en baissant les coûts et ainsi, « gagner plus de 15 €/tonne sur le prix FOB ».
S’adapter aux enjeux de demain
L’étude a été conduite auprès de 25 OS, couvrant près de 45 % de la collecte nationale. La logistique des quatre principales espèces de céréales (blé tendre, blé dur, maïs et orge) y est détaillée au travers de chaque étape : collecte, stockage et travail du grain, puis expédition. Pourquoi se pencher sur cette thématique ? « Même si la filière française semble assez compétitive d’un point de vue logistique par rapport à ses concurrents (Ukraine et Russie notamment), il est nécessaire de s’interroger sur le modèle économique des différents points de cette supply chain et sur le maintien de sa compétitivité à l’avenir », notent les auteurs de l’étude en introduction. Sans compter que les OS doivent s’adapter à une offre de plus en plus diversifiée et segmentée. La séparation du conseil et de la vente des phytos risque de mettre également les activités de collecte un peu plus sous pression, alors que les métiers du grain mobilisent beaucoup de capitaux. Poser un diagnostic et repenser son dispositif de collecte s’avèrent donc capitaux.
Des coûts allant du simple au double
Les principaux résultats de l’étude sont les suivants :
- Le coût moyen du transport primaire (du champ au silo expéditeur), pondéré par les volumes, est estimé à 4,5 € /t commercialisée, et varie dans l’enquête de 2,8 à 14 €/
- Le coût moyen du stockage chez les OS varie de 6,4 à 15 €/t commercialisée, et sa moyenne pondérée par les volumes des OS enquêtés s’établit à 10,3 €/t.
- Le coût moyen du stockage à la ferme s’élève à 10,9 €/t, avec de fortes variations liées au type de silo (de 5,2 à 13,5 €/t). Si les installations sont amorties, le coût est plus proche du mini, à 5 €.
- Le coût global de la logistique varie de 20 à 50 € selon l’itinéraire logistique choisi.
Des estimations perfectibles
Les auteurs de l’étude reconnaissent que ces données restent des estimations et sont bien entendu « perfectibles ». Toutefois, elles constituent les bases d’une discussion à engager entre tous les acteurs de la filière. Ce document dévoile qu’au final, « il existe plus de facteurs d’augmentation des coûts que de facteurs d’allègement » et que « les leviers pour gagner en compétitivité sont difficilement généralisables puisqu’ils dépendent à la fois de facteurs contextuels (géographie, proximité des débouchés) et individuels (orientations technico-économiques des exploitations de la zone de collecte, types de marchés visés, niveau de segmentation, âge et performance des outils de stockage existants, etc.). »
Miser sur le collectif et la contractualisation
Quoiqu’il en soit, une optimisation des coûts semble plus que jamais nécessaire dans un contexte de segmentation croissante et de durcissement des cahiers des charges : une opportunité pour mieux planifier la chaîne logistique, par le développement de la contractualisation notamment. Il semblerait que la situation actuelle pousse également les opérateurs à jouer collectif en mutualisant flux et moyens, notamment pour le stockage de céréales sans insecticides de stockage. Enfin, la croissance du stockage à la ferme soulève le besoin d’un standard professionnel clair et partagé pour faire monter en compétence et certifier les agriculteurs stockeurs, en se basant sur une démarche de progrès et d’amélioration continue.