Référence agro

Climat, les laiteries testent des solutions pour économiser l’eau

Le | Distribution-agrofourniture

Le bilan du programme Aquarel, qui s’est terminé fin 2018, a été diffusé le 25 juin lors d’un symposium sur les actions de la filière laitière en matière de préservation des ressources en eau. Il a été mené par l’institut technique Actalia et financé par le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière, Cniel, ainsi que les Agences de l’eau Seine-Normandie et Loire-Bretagne. Objectif : recenser les solutions écoresponsables pour gérer l’eau de manière optimale auprès d’une soixantaine de sites industriels laitiers. « Soit une entreprise sur huit, ce qui est assez représentatif », explique Clarisse Blanchard, chargée de mission environnement au Cniel.

27 bonnes pratiques ont été identifiées. Elles sont rassemblées dans un guide qui sera diffusé à l’ensemble des entreprises.

Eaux issues du lait, 5 millions de mètres cube

Une des solutions les plus prometteuses consiste à recycler l’eau extraite du lait afin d’éviter d’utiliser des volumes importants de l’eau de ville « Le lait contient 88 % d’eau. Cette technique est donc particulièrement intéressante pour les entreprises qui produisent de la poudre, indique Clarisse Blanchard. Dans le projet Aquarel, nous avons estimé à 85 000 m3 le volume d’eau issue du lait. » En extrapolant à l’ensemble de la production de poudres de lait et de lactosérum au niveau national, les quantités pourraient dépasser les cinq millions de mètres cube !

Dans les entreprises qui ont adopté la pratique, cette eau sert aux opérations de lavage (68 % des cas), à remplir les chaudières (58 %), à nettoyer l’extérieur des camions de collecte (19 %), ou encore à refroidir des produits (16 %). « Mais pour la réutiliser, la législation française impose de la traiter, poursuit-elle. Ce qui nécessite de lourds investissements. Dans les autres pays, la réglementation est plus souple : certains demandent une « eau propre » et non potable. » 80 % des entreprises laitières possèdent toutefois leur propre station d’épuration ou une station de prétraitement des eaux. La pollution retenue se transforme, sous l’effet de bactéries naturelles, en boues. Elles sont soit incinérées, soit épandues dans les champs pour fertiliser naturellement le sol.

Un éventail de mesures simples

La réutilisation des eaux issues du lait n’est pas la seule voie pour réaliser des économies d’eau dans les laiteries. De manière plus simple, les entreprises peuvent mettre des compteurs à eau à des endroits stratégiques du processus de fabrication. Elles peuvent installer des poignées « pistolet » sur les flexibles de nettoyage pour augmenter l’action mécanique du jet en diminuant le débit. Ou encore adopter un contrôle automatique du niveau des cuves pour éviter les débordements.

« Ces bonnes pratiques entraînent des changements organisationnels, précise la chargée de mission environnement du Cniel. La formation du personnel est donc importante dans la mise en place de solutions d’économies d’eau. » Dans les laiteries du projet Aquarel, 49 % de l’eau est utilisée pour le nettoyage des installations, 42 % pour les procédés de traitements, 6 % dans les tours de refroidissement, et 3 % d’autres usages. Aquarel a coûté environ 200 000 euros sur trois ans.