Référence agro

Broyage des poussins, cage, castration… les positions de Guillaume sur le bien-être animal déçoivent le CIWF

Le | Distribution-agrofourniture

Référence environnement : Quel est votre sentiment après votre discussion avec le ministre de l’Agriculture ?

Agathe Gignoux : Nous avons l’impression d’avoir gagné un peu de considération de la part de Didier Guillaume. Il nous a consacré du temps, a écouté nos questions et accepté le principe d’un dialogue franc. Il ne semble plus nous considérer uniquement comme des responsables de l’agribashing. Reste que sa démarche est de travailler avec les filières, et avec elles seules. Nous ne rentrons manifestement pas dans l’équation, alors même que ces filières, pour beaucoup, font appel à nous pour progresser vers le bien-être animal.

R.E. : A-t-il fait des annonces concernant le broyage des poussins mâles dans les filières de poules pondeuses, comme il l’avait évoqué ces dernières semaines ?

A.G. : Oui et non… Il a donné 2021 comme échéance pour la fin de cette pratique, sans rien préciser sur sa méthode. Ça ne passera apparemment pas par la loi. Nous n’avons pas d’éléments concernant le financement de cet objectif. Il a simplement évoqué un travail commun avec l’Allemagne. Nous espérons que ce n’est pas juste un écran de fumée pour masquer un dossier qui n’avance pas, c’est-à-dire la fin des élevages en cage. En œuf coquille, les filières bougent. Pas pour les ovoproduits. Nous avons même l’impression d’un recul par rapport aux annonces d’Emmanuel Macron : dans un prochain décret, Didier Guillaume nous a indiqué que le réaménagement des anciennes constructions avec des cages serait possible… Ce n’est pas ce qui était promis.

R.E. : Quels sont les autres dossiers qu’il a évoqués ?

A.G. : Sur la filière porcine, Didier Guillaume se dit mobilisé sur la castration à vif, mais davantage sur la prise en charge de la douleur, technique encore largement perfectible, sans mettre l’accent sur les alternatives à cette pratique. Il se veut aussi à la tâche sur la caudectomie, mais sans véritable annonce. Il espère travailler avec la filière sur les bâtiments : des réaménagements pourraient réduire la tendance des porcs à se manger la queue, avec un milieu plus confortable, une densité moindre. Mais cela aurait un coût pour les éleveurs, et là encore, les mesures concrètes manquent.

R.E. : Êtes-vous pessimiste pour la suite ?

A.G. : Ce rendez-vous est malgré tout un signal. Nous espérons qu’il y en aura d’autres. Nous voudrions allez plus loin sur certains sujets. Par exemple, concernant la Politique agricole commune, il n’a affiché que son intention de maintenir le budget. Sur l’étiquetage des produits, il reste sur sa posture d’un affichage de l’origine, sans aller jusqu’au mode de production, qui a pourtant très bien fonctionné pour faire évoluer le marché des œufs coquilles. Depuis mai, Didier Guillaume ne cesse d’annoncer des « grosses mesures »… pour le moment, il reste trop évasif, sur trop de dossiers. Nous sommes inquiets de constater qu’il mise beaucoup sur les efforts des filières, les actions des députés ou du Premier ministre… sans véritablement avancer, lui.