Le maïs devrait rester l’un des grands drivers du marché des céréales en 2021/22
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Les stocks, relativement bas chez les principaux pays exportateurs de maïs, ne laissent aucune place au moindre accident climatique pour la campagne à venir. Pourtant, la récolte brésilienne est déjà annoncée en forte baisse. La sole américaine n’a pas augmenté autant qu’espérée et la Chine reste toujours massivement aux achats. Le marché risque de se tendre.
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Pour Sébastien Poncelet, analyste chez Agritel, le marché du maïs devrait se tendre face à des disponibilités en recul.[/caption]
« Aujourd’hui, le blé est moins cher que le maïs car cette céréale commence à manquer. À l’échelle mondiale débute une phase de rationnement du maïs avec une incitation à utiliser de plus en plus de blé en alimentation animale, expliquait Sébastien Poncelet, analyste chez Agritel, lors d’un webinaire dédié au maïs le 8 juillet. L’une des solutions pour calmer la situation était que les États-Unis augmentent leur sole de maïs. La hausse atteindrait 2 % ce qui est loin d’être suffisant ! Le paramètre « rendement » ne devrait pas, lui non plus, suffire. Alors que les stocks américains sont au plus bas, le moindre problème climatique en juillet ou en août pourrait créer une réelle pénurie mondiale. La question du débouché pour l’éthanol se poserait alors. »
30 Mt de maïs en moins au Brésil
Autre raison qui fait dire à Sébastien Poncelet que le maïs va rester l’un des grands drivers du marché des céréales pour la prochaine campagne est la situation climatique au Brésil. « Dans le sud du pays, la récolte n’est pas faite et le gel a sévi la semaine passée, poursuit-il. La récolte brésilienne ne devrait pas, selon les dernières prévisions, dépasser les 85 à 90 Mt, soit près de 30 Mt de moins qu’une année normale. Or, sur le marché mondial, d’août à décembre, c’est le Brésil qui domine et fournit les différents importateurs. L’équilibre mondial du marché du maïs, et plus largement celui des céréales, est aujourd’hui basé sur une zone de production, le Brésil, soumis à de fortes variations de production. »
L’appétit de la Chine, déterminant
L’appétit grandissant de la Chine pour le maïs, utilisé en alimentation animale, est, lui aussi, un facteur de tension. « Face à l’augmentation massive des cheptels et à une production locale de maïs stable (autour de 270 Mt), les importations sont indispensables, précise l’analyste. En 2020/21, ce pays a importé plus de 26 Mt. » Face à ce risque de pénurie mondiale de maïs, ces derniers jours, les importateurs ont multiplié les appels d’offre en blé, à l’image de l’Asie. « Aujourd’hui, même quand on parle du marché du blé, le maïs est incontournable », conclut-il.
Et l’Europe dans tout cela ?
« L’Europe a fait le choix d’exporter de plus en plus de blé et d’importer de plus en plus de maïs, rappelle Sébastien Poncelet. Le maïs est aujourd’hui la céréale préférée des fabricants d’aliments du bétail. Il y a 10 ans, à peine 7 Mt de maïs étaient importées, contre 16 Mt l’an passé, avec un pic de 23,6 Mt en 2016. L’Europe a la chance d’avoir l’un des plus gros exportateurs, l’Ukraine, à sa porte. Et les prévisions de récolte 2021 sont plutôt bonnes dans ce pays. Mais le Brésil est le deuxième fournisseur ! Dans les mois à venir, faute de maïs en quantité suffisante, l’Europe risque donc également de se tourner de plus en plus vers le blé pour l’alimentation animale. »
Quelques repères :
- Le maïs est la première céréale produite au monde : en 2021/22, 1190 Mt
- Les quatre pays producteurs les plus importants : États-Unis (380 Mt, 32 % de la production mondiale), Brésil (118 Mt, 10 %), Argentine (51 Mt, 4 %) et Ukraine (37 Mt, 3 %). Les chiffres de la Chine (268 Mt) sont à prendre avec précaution. Avec 67 Mt, l’Europe représente 6 % de la production mondiale.
- Les quatre plus importants exportateurs de maïs : les États-Unis (62 Mt, 32 %), le Brésil (43 Mt, 22 %), Argentine (36 Mt, 18 %) et Ukraine (31 Mt, 15 %). À eux quatre, ils pèsent 87 % des 197 Mt échangées chaque année à l’échelle mondiale.
- En 2020/21, les plus gros importateurs sont : la Chine (26 Mt), le Mexique (17 Mt), le Japon (16 Mt), l’Union européenne (12 Mt) et la Corée du Sud (11,5 Mt).