PPA, « se préparer à l’émergence en France », Marie-Frédérique Le Potier de l’Anses
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« Les belges ne pensaient pas que la Peste porcine africaine arriverait chez eux. Et si ! Il faut se préparer en France à l’émergence du virus », a insisté Marie-Frédérique Le Potier, scientifique à l’Anses lors du salon des productions animales, Space à Rennes le 11 septembre. Pour l’Agence, il est urgent de sensibiliser les chasseurs et d’aider les agriculteurs à repérer facilement la maladie. « Le problème est que le diagnostic est complexe, explique-t-elle. À part l’hyperthermie et un manque d’appétit, peu de signes cliniques sont reconnaissables à la ferme. Les éleveurs doivent donc faire rapidement un test PCR ou Elisa, dès le moindre doute. »
En 2000, la maladie était négligée
Inquiétant actuellement toute l’Europe, la maladie n’est pourtant pas récente. Elle a été détectée pour la première fois en 1910 au Kenya. Puis, est sortie d’Afrique en 1957 pour atteindre le Portugal. « En 2000 la situation en Europe était calme et la maladie était négligée, explique la scientifique de l’Anses. Elle est réapparue en 2007 en Géorgie, date à laquelle elle va se répandre rapidement par le biais des transports. » En 2014, elle franchit les frontières de l’Union européenne et se diffusera par le biais des sangliers.
24 génotypes en Afrique, deux en Europe
24 génotypes sont actuellement décrits en Afrique. En Europe, il en existe deux : celui en Sardaigne, installé depuis plusieurs années mais qui semble se contenir à l’île italienne, et celui du Caucase identique au virus présent à Madagascar et en Afrique de l’Ouest.
L’Asie, touchée depuis 2018, ne compte qu’un génotype. « Ce qui laisse supposer qu’une seule introduction est à l’origine de la propagation de la maladie », explique Marie-Frédérique Le Potier.
Un virus qui s’adapte à son environnement
La PPA, qui entraîne la mort des porcs et sangliers, a une durée d’incubation courte et les anticorps sont décelables en moins de deux semaines. « Contrairement à des idées reçues, la maladie n’est pas très contagieuse, mais le virus a une forte capacité de résistance à son environnement, ajoute la chercheuse. Il peut survivre plusieurs jours voire des semaines dans un cadavre de sanglier ou dans des charcuteries, même dans de la viande congelée. » La contamination se fait par l’homme qui va nourrir les animaux ou par les outils.
« Il n’existe pas de vaccins et peu de pistes semblent se dessiner, même si l’Anses travaille dessus, indique Marie-Frédérique Le Potier. Il faut donc poursuivre la biosécurité des élevages, en associant les laboratoires départementaux. »