Abeilles : l’Anses confirme l’existence de troubles interdépendants
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L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, a publié le 14 septembre son avis et le rapport d’expertise collective relatifs à la question des co-expositions des abeilles aux facteurs de stress. Les experts confirment le caractère souvent multifactoriel des causes de mortalités des colonies d’abeilles et insistent sur l’importance de leur co-exposition aux pesticides et aux agents biologiques dans le déterminisme de leur effondrement.« La présence de nombreux agents infectieux (parasites dont Varroa en tout premier lieu, bactéries, champignons, virus) au sein des colonies, souvent asymptomatiques au départ, et leur exposition aux pesticides de diverses origines et mécanismes d’action (insecticides, fongicides et acaricides en particulier) entraînent selon toute vraisemblance le passage d’un état de santé normal à l’expression de pathologies conduisant à l’effondrement de la colonie », expliquent-ils. Renforcer les études et le suivi L’Agence souligne la nécessité de poursuivre les recherches sur les différents facteurs de stress identifiés et leurs interactions, et l’importance de disposer de référentiels harmonisés et d’un réseau d’observation structuré afin de suivre efficacement l’état de santé des colonies. Elle rappelle par ailleurs l’intérêt du maintien de la biodiversité, du respect des bonnes pratiques agricoles et de la diminution de l’exposition globale des abeilles aux pesticides par une maîtrise renforcée du recours aux intrants dans les pratiques agricoles. Faire évoluer l’évaluation des pesticides Parmi ses recommandations, l’Agence propose également d’intégrer, dans la procédure d’évaluation de la toxicité d’un produit phytopharmaceutique, des tests pour mesurer l’effet d’une co-exposition chimique chronique à une autre molécule : une molécule acaricide anti-Varroa ; une molécule fongicide et connue pour inhiber les mécanismes de détoxication des abeilles ; un insecticide ayant un même mode d’action que le produit à tester et connu pour être présent dans les matrices apicoles, si le produit à tester est un insecticide. « Ces propositions devraient être discutées au niveau européen, leur mise en œuvre effective nécessitant leur intégration au cadre réglementaire européen après mise au point des tests et procédures nécessaires », précise l’Agence. Cette dernière recommande par ailleurs d’utiliser les données issues du réseau d’observation dans le cadre des processus de réexamen des conditions d’autorisation ou d’usage des substances et des produits.