Adaptation au changement climatique, des premiers résultats pour le projet AgriAdapt
Le | Environnement-agroecologie
Mené durant trois ans, le programme européen AgriAdapt avait pour ambition de développer une méthodologie pour permettre aux exploitations de mettre en place des mesures d’adaptation au changement climatique. Des premiers résultats, issus d’expérimentations menées dans 126 fermes pilotes, ont été présentés le 23 avril, lors d’un webinaire organisé par Solagro, qui coordonne la partie française du projet.
Faire que le changement climatique devienne un facteur de décision chez les agriculteurs, c’est l’un des objectifs du programme européen Life AgriAdapt. Lancé pour trois ans en 2016, celui-ci avait pour ambition d’évaluer la vulnérabilités des exploitations, et de construire des mesures d’adaptation pouvant être mises en place. 126 fermes pilotes ont été mobilisés dans quatre pays représentant des zones climatiques distinctes : la France, l’Espagne, l’Allemagne et l’Estonie. Les travaux doivent permettre de construire pour chacune des plans d’adaptation. Des démarches qui s’accompagnent de gros efforts en termes de pédagogie. « L’adaptation est une nécessité, assure Nicolas Métayer, chargé de mission énergie / GES en agriculture chez Solagro. Nous insistons sur les temporalités auprès des agriculteurs, car d’ici 2050, échéance sur laquelle nous travaillons, les mesures d’atténuation ne se feront pas sentir, les évolutions sont significatives au-delà de 2050. »
Un diagnostic de vulnérabilité de chaque exploitation
En France, 34 fermes ont été mobilisées, avec des caractéristiques diverses en termes de superficie (de 50 à 400 ha), de modèles agronomiques (conventionnel, bio, ACS), ou de production (grandes cultures, bovins lait et viande). « L’objectif du programme est de tester une méthodologie robuste et passe-partout », explique Sylvain Doublet, responsable de l’activité bioressources chez Solagro. Cet « outil commun de décision » permet d’évaluer la vulnérabilité de l’exploitation en se fondant sur quatre grands volets : les rendements des cultures, les donnés climatiques, un entretien avec l’agriculteur pour aborder les questions économiques par exemple, et l’analyse d’experts. Près de 80 indicateurs agro-climatiques ont été développés dans ce cadre, pour les différentes céréales et les animaux. Cela permet d’aboutir à un maillage du territoire avec des informations précises, dans une zone de 25 x 25 km, sur les évolutions depuis les années 1980 et des projections à l’horizon 2050 (historiques des rendements, projections climatiques, précipitation, etc). Ces informations permettent par la suite de développer des mesures d’adaptation de trois ordres, en fonction de leur caractère de rupture : efficience, substitution, reconception. « Nous insistons sur l’ordre de priorité à observer dans l’adaptation : la priorité numéro une est la variabilité interannuelle. Viennent ensuite des extrêmes, climatiques notamment, plus marqués, et les évolutions tendancielles », souligne Sylvain Doublet.
Lancement d’une plateforme web
L’ensemble de ces résultats trouve sa concrétisation dans une plateforme web AgriAdapt, qui vient d’être mise en ligne. Celle-ci doit permettre de valoriser auprès du plus grand nombre les premiers enseignements du programme, sur la vulnérabilité et les possibilités d’adaptation des exploitations européennes. Trois modules sont présentés : un quizz de trente question, en fonction du pays, sur les thématiques de la vulnérabilité et de l’adaptation ; une présentation sur une cartographie des données agrégées par le programme, par filière ; la présentation de mesures d’adaptation, toujours par filière. Dans ce derniers cas, des fiches sur mesure sont disponibles, en fonction de la zone climatique, à différentes échelles mise en oeuvre dans le temps, ou le type de mesures souhaitées. « La thématique de l’adaptation est encore relativement nouvelle, il y a un gros travail de centralisation des données à faire pour avoir un langage commun sur cet enjeu », précise Nicolas Métayer. Le développement d’indicateurs sectoriels et locaux, amorcés par le programme, est particulièrement important.