Améliorer l’acceptation sociale de la méthanisation
Le | Environnement-agroecologie
« Il faut faire attention à ne pas reproduire ce qui s’est passé sur l’éolien. Personne ne sait à quoi sert la méthanisation. Pour certains, elle soutient un modèle agricole usé et productiviste. » Thomas Muselier, cofondateur de l’agence Tact, qui travaille sur l’intégration territoriale et la compréhension locale de projets sensibles, intervenait le 31 janvier lors du débat « Comment parvenir à un développement serein de la méthanisation en France ? », dans le cadre du salon Biogaz Europe à Nantes.
Pour le grand public, la méthanisation est davantage connue pour ses nuisances que pour ses bénéfices. « La crainte est amplifiée par le fait que les sites sont fermés, ce qui peut signifier au citoyen qu’on lui cache des choses », explique Caroline Depoudent, chargée d’études et de conseil pour les chambres d’agriculture de Bretagne.
Le projet Méthasocio décrypte les clés de réussite
La structure s’est associée avec Agro Campus Ouest et l’École supérieure d’agriculture d’Angers dans le projet Méthasocio. Neuf créations de sites en Bretagne et Pays de la Loire ont été suivis. Objectif : mieux comprendre l’acceptation sociale des projets de méthanisation. Une acceptation très différente selon les types de sites et les caractéristiques des territoires, plus ou moins urbanisés et touristiques. « Les aspects humains et leurs liens avec le territoire est le point majeur, explique Caroline Depoudent. Les porteurs de projet doivent être fiables et investis localement pour donner confiance. »
La communication doit aussi commencer tôt afin que les citoyens n’apprennent pas l’information par une autre source. « Plus vite on intègre les parties prenantes, plus elles seront pertinentes pour la suite », renchérit Thomas Muselier. Les porteurs de projets doivent également s’attacher à bien expliquer les tenants et aboutissants et être prêts à apporter des réponses techniques.
« En amont, nous avons créé une lettre d’information qui montre visuellement à quoi l’unité va ressembler, explique Sébastien Benoist, responsable énergie-environnement à Roche aux Fées, communauté qui porte un projet de méthanisation à Janzé (35) avec 55 agriculteurs. Maintenant que l’enquête publique est terminée, nous devons réfléchir à la manière de revenir vers les citoyens pour leur expliquer les prochaines étapes. »
Garder le contact avec les riverains
Les intervenants ont également insisté sur l’importance d’ouvrir les portes des sites aux riverains. « Nous faisons au moins une porte ouverte par an, explique Pierre Landel, président de Bionerval, qui collecte et valorise les déchets organiques. Nous expliquons ce que nous faisons pour améliorer l’impact du site, au niveau des odeurs, bruits, circulation, etc., mais également le sens de l’économie circulaire. »
Les citoyens veulent en effet connaître ce que ces projets vont apporter à leur territoire. L’occasion aussi d’expliquer le lien entre la méthanisation et l’agroécologie, avec notamment l’usage du digestat pour améliorer la fertilité du sol.