Biocarburants et GES : l’Ifpri et le JRC réévaluent l’impact du changement d’affectation des sols
Le | Environnement-agroecologie
Une nouvelle étude sur les émissions de gaz à effet de serre associées au changement indirect d’utilisation des sols (Iluc) induits par le développement des biocarburants a été publiée le 18 mars par le centre de recherche de la Commission européenne (JRC) et l’Ifpri, l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires. Soit la veille du Conseil européen sur les objectifs énergétiques et climatiques pour 2030 qui s’est tenu les 20 et 21 mars. S’ils ont utilisé le même modèle, nommé Mirage, que pour la précédente étude de 2011, les experts ont modifié quelques hypothèses. D’une part, l’analyse met l’accent sur l’évaluation des émissions de GES par groupes de cultures (sucre, céréales et oléagineux) et non par type de culture, avec les espèces suivantes : le maïs, le blé, la betterave et la canne à sucre, les fruits de palmiers, soja, tournesol, colza et de graines oléagineuses. Des hypothèses qui varient par rapport à 2011 D’autre part, les auteurs indiquent une révision à la baisse des évaluations des rendements du blé pour coller au mieux avec les estimations de l’OCDE et de la FAO. Les rendements pris s’élevaient en effet à 8 tonnes par hectare en 2020, alors même que les instances internationales prédisaient plutôt des productions autour de 5,5 tonnes. Du coup, si les projections de rendement baisse, cela signifie que les surfaces allouées augmentent, tirant à la hausse les émissions de GES des biocarburants réalisés à partir de ces plantes. Pour les autres cultures, comme le colza, les auteurs n’ont pas apporté de modification, étant donné que l’écart s’avère plus faible : 3,9 tonnes par hectare pour le colza dans le modèle de l’Ifpri 2011 contre 2,9 t/ha récoltées pour les prévisions OCDE et FAO. Enfin, le modèle de l’Ifpri 2011 considère que les biocarburants entraînent une hausse de la demande en produits agricoles, qui peut se traduire par une augmentation des prix qui elle-même conduit à une croissance de la production et parfois à une compétition entre les secteurs. L’Ifpri, dans cette nouvelle étude, a ainsi proposé de tester l’hypothèse d’un maintien des modes de consommation alimentaire. Des résultats différents selon les scénarii Principaux résultats : les émissions de GES liées à l’Iluc augmentent de 15 % pour l’éthanol produit à partir de blé, du fait notamment de la réévaluation à la baisse des rendements. Les hausses varient en moyenne de 0 à 29 %, en fonction du type de culture, si la définition de la catégorie « autres graines oléagineuses » devient plus restrictive. En effet, l’étude de 2011 suppose que les céréales pourraient s’étendre au détriment des « autres graines oléagineuses » aussi facilement que n’importe quelle autre culture arable. Or, cette catégorie se compose d’un grand mélange et notamment des oliviers, moins facilement remplaçables. Ensuite, en excluant du modèle les changements alimentaires, les émissions Iluc baissent de 20 % pour les agrocarburants produits à partir de betterave sucrière, à + 30 %, pour les biocarburants tirés du soja. Enfin, lorsqu’on combine la modification de rendement du blé avec la restriction sur les oléagineux susceptibles, alors la hausse des émissions Iluc est de 0 à 34 % par rapport à l’étude initiale. Cette hausse atteint de 3 à 62 %, si l’on fige aussi les modes actuels de consommation alimentaire. Voir le rapport : http://iet.jrc.ec.europa.eu/bf-ca/sites/bf-ca/files/documents/ifpri-jrc_report.pdf Voir notre article : « On continue à surestimer la surface nécessaire pour produire les biocarburants », selon Proléa