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Déclin des populations d’insectes : une étude met en cause l’agriculture intensive

Le | Environnement-agroecologie

Plus d’insectes sur terre dans cent ans ? C’est ce que craignent les auteurs d’une étude (ici en anglais) mise en ligne par la revue Biological Conservation, le 31 janvier dernier. Selon eux, plus de 40 % des espèces d’insectes voient leur population chuter dans le monde, et un tiers serait en voie d’extinction. Des chiffres avancés suite à l’analyse de 73 études, menées sur les 40 dernières années sur le sujet, notamment en Europe et en Amérique du Nord. « La conclusion est claire : à moins que nous ne modifions nos méthodes de production d’aliments, les insectes dans leur ensemble se dirigeront vers l’extinction dans quelques décennies », lancent les auteurs.

Un déclin deux fois plus rapide que celui des vertébrés

Si la disparition des vertébrés est plus médiatisée, le rythme de celle des insectes est deux fois plus rapide, selon eux. Au total, 2,5 % de la biomasse mondiale est perdue chaque année en conséquence de cette chute des populations d’insectes, avance l’étude. Au-delà de ce constat alarmant, l’étude souligne ses potentielles conséquences sur l’ensemble des écosystèmes. « Le rôle essentiel que jouent les insectes en tant qu’aliment de nombreux vertébrés est souvent oublié. »

Appel à des changements de pratiques agricoles

Comment expliquer l’ampleur de ce déclin ? Si l’étude cite plusieurs facteurs pour expliquer ce déclin, il ne fait aucun doute selon elle que la cause principal est l'intensification de l’agriculture. « Dans les paysages ruraux du monde entier, l’élimination progressive d’éléments de l’habitat naturel (par exemple des haies vives), l’élimination des systèmes de drainage naturels et d’autres caractéristiques du paysage, ainsi que l’utilisation récurrente d’engrais chimiques et de pesticides, ont une incidence négative sur la biodiversité en général », explique-t-elle ainsi. Le changement climatique vient ensuite, dans une moindre mesure.

Les auteurs de l’étude en appellent donc à agir et à repenser les pratiques agricoles actuelles : « La restauration de l’habitat, associée à une réduction drastique des intrants agrochimiques et à une refonte de l’agriculture, est probablement le moyen le plus efficace d’arrêter les déclins, en particulier dans les zones d’agriculture intensive. »