Des biocarburants à base de cameline pourraient arriver en 2022
Le | Environnement-agroecologie
Depuis 2020, une dizaine de coopératives se sont associées dans la réalisation d’une expérimentation permettant de tester le lancement d’une filière cameline comme biocarburant. Déployée sur environ 1000 hectares, l’expérience vise l’utilisation de la crucifère comme interculture. Les tests se font en partenariat avec huit organismes stockeurs dont Saipol, filiale du groupe Avril, les chambres d’agriculture, le semencier Camelina Company et l’institut technique Terres Inovia. Explications de Guillaume de la Forest, responsable du projet cameline chez Saipol.
Dans le but de développer une filière de biocarburants à base de cameline, une expérimentation a été lancée en 2020, par huit organismes stockeurs dont Saipol, filiale du groupe Avril, une dizaine de coopératives dont ValFrance et le groupe Scael, les Chambres d’agriculture, le semencier Camelina Company et l’institut technique Terres-Inovia. Prévue pour une durée de trois ans, l’expérience est réalisée sur 1000 hectares, avec l’objectif de tester les itinéraires techniques de cameline comme interculture, et de « permettre aux agriculteurs de se les approprier », explique Guillaume de la Forest, responsable du projet cameline chez Saipol. Un cahier des charges est prévu pour 2022, et Saipol s’engage à acheter la production à un prix voisin du colza, pendant la phase de test. Les rendements sont prévus à 10 quintaux par hectare.
Dans l’attente des réglementations européennes de 2022
Cependant, rien n’est encore gagné pour la création de la filière. « Nous espérons que la cameline comme interculture sera inscrite dans la liste annexe 9B de l’Union Européenne, prévue pour 2022. Cela permettrait d’obtenir le titre de « biocarburants avancés », détaille Guillaume de la Forest. Sans cette inscription, les débouchés économiques ne seraient pas intéressants, et « le projet pourrait s’arrêter », alerte-t-il. Si ce n’est pas le cas, la filière devra rassembler d’importants volumes, en raison de la forte demande. « Nos clients sont de gros groupes pétroliers et le secteur de l’aviation », explique Guillaume de la Forest. Mais pour atteindre ses objectifs, il insiste sur le fait que Saipol n’encouragera pas la cameline comme culture propre, car elle serait moins rentable que le colza, en raison de sa plus faible teneur en huile. De plus, la culture dérobée empêche toute concurrence avec l’alimentation. Aujourd’hui, la culture de cameline produit, d’après Guillaume de la Forest, moins de 1000 tonnes d’huile par an, qui servent d’huiles essentielle ou alimentaire.
La cameline, une culture sans phyto la plupart du temps
Selon Guillaume de la Forest, même si la cameline comme interculture demande des investissements aux coopératives (achat de trieurs et séchoirs par exemple), elle a beaucoup d’avantages. « Pour les agriculteurs, les seules charges sont liées au coût du semis, à la fertilisation et à l’achat de la semence, la cameline assure donc un revenu complémentaire ». En effet, utilisée comme interculture d’été, cette crucifère allopathique ne nécessite souvent aucun fongicide, insecticide ou herbicide. De plus, pour Guillaume de la Forest, l’intégration d’une culture d’été dans les rotations permet de repenser le système global de rotation, selon un angle d’agriculture de conservation des sols.