GES : « prendre les devants », Xavier Bremondy, chef de projet environnement à Elevage Conseil Loire Anjou
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Elevage Conseil Loire Anjou, qui regroupe plus de 2400 éleveurs laitiers, participe au projet européen Life Carbon Dairy. Il vise à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre du secteur laitier d’ici à 2025. Comment le projet est-il accueilli par les éleveurs ? Réponse avec Xavier Bremondy, manager et chef de projet à Elevage Conseil Loire Anjou. Référence environnement : 220 élevages participent au projet de réduction de gaz à effet de serre Life Carbon dairy. Quelles sont vos motivations ? Xavier Bremondy : Il n’y a actuellement aucune réglementation sur les émissions de gaz à effet de serre. Ce programme est une bonne manière de prendre les devants sur un sujet d’importance. Le Cniel et l’Idele, qui gèrent la version française de Carbon dairy, nous ont demandé de réaliser des enquêtes chez nos éleveurs laitiers. Nous avons sélectionné 220 fermes sur la Loire-Atlantique et le Maine-et-Loire, parmi celles avec lesquelles nous travaillons le plus, de la conduite du troupeau jusqu’à l’analyse économique, en passant par le plan de fumure ou la Pac. En effet, nous disposons déjà de données conséquentes qui permettent de pré-remplir plus facilement le questionnaire et de passer ensuite plus de temps sur le diagnostic et les évolutions de pratiques. C’est aussi, pour nous, une manière de les récompenser puisque le programme bénéficie de financements européens. Par conséquent, le diagnostic est gratuit pour l’éleveur. R.E. : Est-ce que les éleveurs sont sensibilisés au réchauffement climatique ? X.B. : Il faut reconnaître que c’est un discours plus difficile en période de crise de l’élevage et notamment du secteur laitier. Souvent, nous sommes très bien accueillis, par des personnes qui ont conscience des enjeux et qui souhaitent améliorer leurs pratiques, et communiquer vers le grand public. Pour d’autres, ce thème est loin de leurs préoccupations actuelles. Et puis il y a ceux qui sont frustrés par le regard de la société. Ils se sentent vus comme le vilain petit canard. Pour ce qui est de l’adaptation au changement climatique, peu d’information redescend jusqu’au terrain. De ce fait, ce n’est pas une priorité pour les éleveurs. Quoiqu’il en soit, avec ce programme, nous voulons démontrer, tant aux éleveurs qu’aux citoyens, que l’agriculture est porteuse de solutions pour le climat. R.E. : Quels sont les leviers pour les élevages ? X.B. : Il y en a deux principaux. Le premier : diminuer ces rejets autant que possible, par exemple en gérant au mieux son troupeau et en réduisant la part d’animaux improductifs. Le deuxième : augmenter la compensation en stockant un maximum de carbone dans les sols, en maintenant des prairies plus longtemps. Les élevages qui réalisent les meilleurs scores sont ceux qui s’en sortent aussi le mieux économiquement. En somme, il faut être productif et raisonné pour améliorer son bilan gaz à effet de serre. Du coup, sur l’alimentation, nos conseillers vont aussi chercher la meilleure efficience de la ration possible, quantité ingérée par rapport à la production de lait. La gestion de la fertilisation doit aussi être la plus optimisée possible et coller au plus près à la productivité réelle. Le travail en groupe aide nos adhérents à s’améliorer et à se comparer. R.E. : Allez-vous aussi vous impliquer dans le projet Beef carbon, lancé le 9 octobre, et qui entend réduire de 15 % l’empreinte carbone de la viande bovine d’ici à dix ans ? X.B. : Oui, nous allons démarrer ce projet en 2016. Nous nous sommes engagés sur 60 élevages allaitants. Nous nous attendons à ce que les leviers soient sensiblement les mêmes que ceux du projet Carbon dairy.